Conférence : COMMENT EXERCER SON LIBRE ARBITRE ?
Certains neuroscientifiques remettent en question la possibilité même de libre arbitre, c’est à dire de la faculté à opérer un choix en toute liberté. Les expériences que Benjamin Libet a mené en 1983 à l’aide d’un électroencéphalographe, semblent par exemple démontrer que les personnes deviennent conscientes seulement après que la décision est prise dans leur cerveau. Mais est-ce la décision qui est déjà prise ou bien est-ce que l’électroencéphalogramme ne fait qu’objectiver la préparation à la décision ? Toujours est-il que John-Dylan Haynes qui mena d’autres expériences en 2011 à l’aide d’une IRM fonctionnelle, arrive aux mêmes conclusions.
« Les hommes se croient libres parce qu’ils sont conscients de leurs désirs mais ignorants des causes qui les déterminent ». écrivait Spinosa dans la préface de son Éthique.
Ainsi, tant chez ces neuroscientifiques que chez Spinoza, la liberté semble ne pouvoir se concevoir qu’en l’absence de ce qui nous détermine. Il y a pour eux une opposition entre “être libre” et “être déterminé par quelque chose”, comme si la liberté n’arrivait qu’au moment où disparaissait ce qui pourrait nous déterminer. En somme la liberté serait le résultat de l’absence d’une contrainte. “Supprimons les contraintes et nous serons libres !”
Alors une question se pose : serions-nous libres si plus rien ne nous déterminait ?
Ce qui est en tout cas évident, c’est que si plus rien ne nous déterminait, nous n’aurions plus le choix de nous laisser déterminer…
Il faut bien que nous puissions être poussés par nos sentiments à agir d’une certaine manière, si nous voulons avoir le choix de ne pas les suivre…
Si rien ne nous déterminait, nous n’aurions plus le choix de balancer entre l’assujettissement à ce qui nous pousse à agir et le renoncement à le faire.
N’ayant pas le choix, nous n’aurions donc pas de liberté !
Le renoncement à suivre la peur ou la haine ou quelque sentiment qui nous habite, est un acte. La liberté est un acte ! Elle ne provient pas de la connaissance. La connaissance éclaire ce qui se passe, mais l’acte de renoncer à suivre l’inclinaison naturelle, est volontaire.
La connaissance éclaire le contexte qui nous détermine, tandis que de la volonté nait la liberté de renoncer à l’être.
Autant la raison se tourne vers le passé, puisqu’elle cherche en amont des événements les causes qui les déterminent, autant la volonté est ouverte à l’avenir puisque chaque acte se trouve au début d’un chemin dont on ne peut pas connaître l’issue.
Ainsi, l’exercice du libre arbitre est donc un exercice de la volonté qui implique une ouverture à l’avenir. Il n’y a pas de libre arbitre sans exercice d’ouverture à l’avenir, c’est à dire sans l’exercice, entre autres, de la confiance et du courage.
Une conférence est prévue le 24 mai 2023. Vous trouverez tous les renseignements en suivant ce lien. À bientôt !
Bien à vous
Guillaume Lemonde
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