ÉDUQUER DEPUIS L’AVENIR

ÉDUQUER DEPUIS L’AVENIR

Nous avons à faire évoluer notre représentation du monde et en particulier celle que nous nous faisons du temps. Nous avons à apprendrons à regarder les épreuves non pas comme la résultante de conditions initiales, mais comme l’ombre portée d’un accomplissement encore à venir.

Lorsque nous regardons vers le passé,

pour déceler les raisons qui sont à l’origine d’une situation donnée, nous ne percevons rien d’autre qu’un contexte. Si par exemple, nous voyons un enfant turbulent, nous cherchons les raisons dans son éducation, son alimentation, sa santé, etc. Mais aussi dans la façon que cet enfant a de s’exprimer. Peut-être est-il turbulent, car il ne peut pas exprimer autrement ses sentiments. Mille raisons peuvent être trouvées. En les évoquant, nous aurons l’impression d’avoir parlé de cet enfant. En réalité, nous n’aurons évoqué qu’un contexte conditionnant sa turbulence. Ce contexte étant à l’origine de sa turbulence, nous aurons évoqué comment tout un passé de conditions préalables se manifestent aujourd’hui dans cette turbulence.

À chaque fois que nous interrogeons le passé, nous passons outre l’être qui se trouve là. Nous ne voyons qu’un contexte et confondons l’être avec celui-ci.

L’être se manifeste au moment où nous ne suivons pas ce qui nous conditionne, mais où nous improvisons avec ce contexte.

Par exemple, en ces moments où nous ne laissons pas la peur nous guider. Nous rencontrons la peur et ne l’écoutons pas. Ces moments où nous ne laissons pas la haine vouloir être assouvie. Nous avons tous connu des moments inconditionnels, des moments où nous avons agi malgré les circonstances, car nous savions intimement qu’il le fallait. Des moments de confiance, là où le contexte était dissuasif. Des moments de courage, là où le contexte présentait les pires obstacles. Des moments de calme, là où un chaos d’informations à traiter aurait pu nous noyer. Des moments de stabilité, là où soufflent des tempêtes émotionnelles.

Ces talents sont ceux de l’être qui se trouve là. Ce sont des talents qui ne se laissent prévoir par rien. Ils ne viennent pas du passé comme le contexte. Ils ne sont pas soumis à des conditions initiales. Ils s’approchent depuis l’autre côté, depuis l’avenir. Ils sont à venir et s’approchent de nous depuis le début de notre vie.

Nous devenons présents à nous-même en ces instants-là. Nous étions comme à l’avenir de nous-même et devenons présents. Nous sommes sinon la plupart du temps happés par le passé et nous confondons avec un contexte (social, éducatif, corporel…) que nous ne sommes pourtant pas.

Pendant l’enfance, nous mettons en place ce contexte intérieur, nos perceptions s’affinent, nos sentiments, notre faculté de jugement, etc. Et les adultes sont là pour nous offrir le cadre le plus favorable pour que dans ce contexte-là, nous puissions advenir à nous-même. Ils ont à exercer la présence permettant d’accueillir ces talents qui de l’avenir ne demandent qu’à se manifester.

Lorsque l’on essaie de prévoir ce qu’un enfant deviendra, on passe à côté de l’être de cet enfant. L’être s’approchant depuis l’avenir est toujours imprévisible. Ce qui est prévisible, c’est le passé, c’est le contexte.

Antoine de Saint-Exupéry écrit en substance dans Courrier Sud :

l’avenir, tu n’as pas à le prévoir, mais à le rendre possible. En effet, l’avenir s’en vient vers nous. Ce que nous pouvons prévoir, c’est ce qui depuis le passé se prolonge vers l’après-maintenant. Quand on éduque un enfant, on le conduit hors de ce qui le conditionne (é-ducare : conduire hors). Autrement dit, on l’élève, là où il serait sinon contraint à suivre ce qui le conditionne.

Comment parvient-on à cela ? Quel cadre éducatif est propice à cela ? Quel est le talent qui demande à devenir présent dans la petite enfance ? À l’école primaire ? À l’adolescence ? Vous trouvez un dossier à ce sujet en suivant ce lien

Ces questions sont le sujet des formations Saluto. Une nouvelle formation commencera cet automne.
Au plaisir de vous y trouver.
Bien à vous,

Guillaume Lemonde