LES ÉPREUVES QUE NOUS TRAVERSONS ONT-ELLES UN SENS ?
- Posté par Guillaume Lemonde
- Catégories Articles, Au sujet de la Saluto, Démarche Saluto
- Date 18 novembre 2022
LES ÉPREUVES QUE NOUS TRAVERSONS ONT-ELLES UN SENS ?
Les épreuves que nous traversons ont-elles un sens ?
La question du sens peut s’approcher de diverses manières.
S’agira-t-il de trouver la signification de ce que l’on vit, en regard de ce qui a déjà été vécu ? Autrement dit, l’épreuve est-elle justifiée compte tenu de tout ce qui a déjà été traversé ? Si l’on procède de cette manière, on s’appuie sur le passé. En regardant le passé, on essaie de mettre l’épreuve en perspective. On voudrait la relier avec d’autres faits, plus ou moins anciens, de façon à ce qu’elle ne reste pas un apparent coup du sort insupportable. Ce que l’on cherche, c’est une justification personnelle à l’épreuve rencontrée. On voudrait donner, malgré tout, une certaine légitimité, une certaine valeur à ce qui est vécu. Sur ce chemin, la vérité que l’on trouvera ne sera donc pas une vérité du monde (une vérité objective) partageable et perceptible par tous, mais une vérité relative à celui qui cherche ce sens ; une vérité subjective, non moins importante pour autant. Bon nombre de chemins psycho-thérapeutiques suivent cette voie.
Imaginez un acteur sur la scène du théâtre. Le décor et les accessoires sont tels qu’il est gêné dans son jeu. L’éclairage ne convient pas, il y a trop d’écho dans la salle et le costume est trop étroit, etc. En s’appuyant sur le passé, notre acteur peut trouver du sens à ce qui lui arrive de bien des façons, mais comme c’est une justification personnelle qu’il cherche, je ne peux en donner ici que de fantaisistes exemples : peut-être que cette situation lui rappelle une pièce de théâtre qu’il avait joué alors qu’il était à l’école. Il se souvient qu’il avait fait le fanfaron et qu’il s’était vanté de pouvoir jouer en toute circonstance. L’enfance se rappelle aujourd’hui à son bon souvenir et le met à l’épreuve. Peut-être que cet acteur regrette de ne pas avoir été pris dans un grand théâtre de la capitale. Le costume trop étroit lui rappelle qu’il se sent à l’étroit dans ce théâtre de province. Des milliers de justifications sont possibles.
Mais plutôt que de s’appuyer sur le passé, il est également possible de trouver du sens à ce qui se passe en regardant depuis l’autre côté. Si l’on regarde depuis l’avenir, la question du sens peut se formuler ainsi : Y a-t-il un projet plus grand que je ne suis et qui m’attire à mon insu là où il est nécessaire d’aller ? Sommes-nous guidés depuis l’avenir ? Autrement dit, les épreuves que nous rencontrons ont-elles ce que les Anciens appelaient une cause finale, c’est-à-dire une cause qui serait chronologiquement postérieure aux effets qu’elle engendre ? (un telos). Bref, y a-t-il des causes dans l’avenir qui agissent maintenant ?
Dans notre exemple, si la scène a été préparée, n’est-ce pas parce qu’un acteur va venir y jouer ? N’est-ce pas parce qu’il va venir exercer son talent d’acteur que la scène du théâtre a été mise en place ? L’acteur qui va venir exercer son talent n’est-il pas la cause de la mise en place d’une scène de théâtre et donc de ce qu’il va y rencontrer ?
Autrement dit, du point de vue de l’avenir, les difficultés que l’acteur rencontre sont dues à un talent encore à venir qu’il cherche à exercer. Elles sont les contractions d’un accouchement de ce talent qui se cherche.
Sénèque illustre remarquablement ceci à son ami Lucilius lorsqu’il lui dit : « ce n’est pas parce que c’est difficile que tu n’oses pas, mais parce que tu n’oses pas que c’est difficile ». Autrement dit, la difficulté que la scène du théâtre peut représenter pour l’acteur – par exemple la façon dont l’éclairage a été conçu ou le choix des accessoires ou du costume – est causée par le fait qu’il n’ose pas se lancer avec ce qui se trouve là. Son talent, celui d’oser se lancer est encore à venir et rend difficile de rencontrer cette scène.
Ainsi, en regardant vers le passé, on regarde un contexte auquel on est livré. La justification que l’on trouve donne du sens, mais ne résout pas grand-chose puisqu’elle n’est en rapport qu’avec une vérité du sujet et non de tout le contexte. Elle calme l’esprit, mais ne porte pas en soi de quoi traverser ce qui se présente.
Si on parvenait à regarder depuis l’avenir, on considérerait ce qui dans l’épreuve peut être acteur de la situation. On découvrirait les vertus, les talents qui aspirent à être rendus présents. On regarderait du côté de la santé.
Comme ces talents, ces vertus sont encore à venir, il n’est pas possible de les supposer par la réflexion. La réflexion s’appuie sur du vécu, sur du passé…
Mais comme ces talents, ces vertus encore à venir donnent à l’épreuve la coloration de leur absence, il est possible de les percevoir au coeur de l’épreuve.
Encore faut-il se rendre disponible pour cela et plutôt que de suivre les enchaînements mentaux de cause à effet (les petits vélos) caractéristiques du point de vue venant du passé, faire silence… Devenir présent pour écouter ce que l’avenir porte avec lui.
(la démarche Saluto propose une méthode afin d’exercer cette présence et de percevoir ces talents à venir).
Guillaume Lemonde
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