LES PROJETS DU JARDINIER
- Posté par Guillaume Lemonde
- Catégories Articles, Démarche Saluto, Exercices pratiques
- Date 5 septembre 2022
LES PROJETS DU JARDINIER
Nous sommes à l’égard de nos projets comme le jardinier qui cultive la terre pour faciliter la germination et la maturation. Il fait du mieux qu’il peut, sans oublier que la germination et la maturation ne dépendent pas de lui… Même s’il tire sur ses carottes pour qu’elles poussent plus vite, elles iront à leur rythme. Il risque même de les abîmer en tirant dessus.
Notre impatience à voir nos projets se réaliser, les abîme de la même façon. Elle les abîme car elle nous projette dans le résultat que l’on désire en nous faisant oublier le chemin qui est à faire. Elle nous éloigne de ce qui serait à faire en ce moment. D’ailleurs, c’est peut-être bien parce que l’on est projeté dans le résultat, que l’on est impatient.
En tout cas, comme le jardinier, la seule chose que nous puissions réellement faire, c’est de déblayer le terrain pour que nos projets aient la place d’advenir au mieux. Déblayer le terrain, c’est enlever les mauvaises herbes qui envahissent et étouffent ce que l’on voudrait voir grandir. Enlever les mauvaises herbes qui envahissent le terrain, c’est, par exemple, ne pas nourrir les pensées anxieuses qui nous occupent. Vous savez ? Ces pensées qui discutent en nous pour leur propre compte. Si elles disent : pourvu que ça marche ! laissez les dire ! On ne va pas empêcher les mauvaises herbes de pousser. Mais on n’est pas obligé de discuter avec cette pensée-là. On peut renoncer à la suivre.
Renoncer un instant à suivre les pensées qui nous passent par la tête, c’est comme supprimer les mauvaises herbes. Cela ne veut pas dire que l’objectif soit de ne pas penser. Bien au contraire. Cela signifie seulement que l’on peut s’exercer à faire une pause dans l’activité mentale automatique. En effet, chaque pensée qui s’impose nous entraine avec elle dans un vacarme intérieur. En renonçant à suivre ces pensées (comme dit, cela demande de s’exercer), en renonçant à suivre ce vacarme, on devient disponible pour ce qui est là. On peut penser au sujet de ce qui est vraiment là et non pas au sujet de ce que l’on imagine en fonction des craintes et des espoirs que l’on porte !
Évidemment, nos espoirs sont importants à considérer, mais quand on fait attention à ne pas bavarder intérieurement, nos espoirs restent à leur place dans l’avenir comme un objectif dont on peut mesurer l’éloignement grâce à ce qui est là.
Cette éloignement est l’intervalle qui donne la mesure du prochain pas. De pas en pas, le projet advient. Il s’approche, tout comme les fruits s’approchent de leur maturité.
Bien à vous
Guillaume Lemonde
Médecin, chercheur, développe et enseigne la démarche Saluto dans ses différents champs d'application. Après des études de médecine à Lyon, il découvre la pédagogie curative et la sociothérapie, alliant la pédagogie et la santé. Pour lui, la question de toujours est d’offrir l’espace et les moyens permettant à chacun de devenir acteur de sa vie. Il ouvre un cabinet en Allemagne où il poursuit ses recherches dans le cadre de l’éducation spécialisée, puis en Suisse.
À partir de l’étude des grands chapitres de la pathologie humaine, il met en évidence quatre étapes de la présence à soi et au monde (1995) et découvre et développe à partir de cette recherche la Salutogénéalogie (2007) et la démarche Saluto (2014).
Il donne des conférences et des séminaires de formation pour enseigner cette démarche.
Il est auteur de publications faisant état de ses travaux.