NOS AÏEUX SONT-ILS RESPONSABLES DE NOS PROBLÈMES ?
- Posté par Guillaume Lemonde
- Catégories Relations transgénérationnelles (Saluto Généalogie)
- Date 8 juin 2019
SALUTOGÉNÉALOGIE : NOS AÏEUX NE SONT PAS RESPONSABLES DE NOS PROBLÈMES !
Nos aïeux ne sont pas responsables de nos problèmes, ou du moins, ils n’ont pas vocation à l’être. C’est ce que la salutogénéalogie permet de comprendre.
Leur responsabilité est bien plus à rapprocher de celle que l’accessoiriste, le costumier et l’éclairagiste d’un théâtre ont sur la qualité du jeu d’un l’acteur.
Ce qu’ils ont préparé pour le spectacle est plus ou moins adapté aux attentes de l’acteur. Mais l’acteur est seul responsable de ce qu’il en fera. C’est lui qui devra, grâce à son talent, prendre en compte les actes de ceux qui l’ont précédés.
Bien sûr, si on lui fournit un maillot de bain pour jouer Hamlet, il lui faudra particulièrement beaucoup de talent pour incarner la grandeur d’Hamlet. Il rendra le costumier responsable du ridicule supposé de la prestation à venir. Il voudra lui rendre ce maillot et revêtir un vêtement qui plaise lui mieux.
Mais à l’inverse, si le costume est magnifique, l’éclairage optimal, le décor de qualité, qui peut garantir que l’acteur jouera correctement son rôle ? C’est à cette question que nous devrions réfléchir.
De quoi l’acteur a-t-il besoin pour incarner Hamlet, quel que soit le décor ? quel que soit le costume ? Quand bien même il s’agirait d’un maillot de bain ? Là se trouve sa responsabilité : répondre des actes de ceux qui l’ont précédé en coulisse, en offrant le meilleur de lui-même.
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Transmissions transgénérationnelles, psychogénéalogie, épigénétique
Lorsqu’on s’intéresse aux transmissions transgénérationnelles, à la psychogénéalogie et à l’épigénétique, on s’intéresse aux accessoires. On s’intéresse au décor et au costume qui nous ont été légués.
Ce costume, c’est d’abord un corps que nous avons hérité de ceux qui nous ont précédé. C’est un corps sensible. Il porte en lui la capacité de ressentir des peurs et des aversions qui viennent parfois de très loin. Elles influencent la façon de percevoir le monde. Alors il est logique de se demander quel est le costumier qui nous a bâclé le travail.
La salutogénéalogie s’intéresse quant à elle à l’acteur. L’acteur sait que la valeur de sa prestation est influencée par les accessoires dont il dispose. Mais seulement aussi longtemps qu’il oublie qu’il est seul responsable de son jeu.
L’acteur Olivier Gourmet va même plus loin : il raconte[1] qu’il ne souhaite pas interférer dans le choix du costume des personnages qu’il doit incarner. En substance, il dit que l’effort qu’il doit faire pour se lier à ce qu’il n’a pas choisi lui permet d’être plus présent à son rôle.
L’effort qu’il doit faire pour se lier ! Non pas l’effort qu’il doit faire pour se débarrasser du mauvais costume, mais pour le faire sien.
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Nos aïeux
Imaginez que nous montions sur scène et que nous estimions que notre costume ne va pas. Nous voulons un autre costume, un plus joli, plus élégant…
Nous appelons le costumier; essayons de comprendre pourquoi ce costume est comme ceci et non comme cela; posons une réclamation; espérons qu’un autre nous soit apporté; regrettons que ce ne soit pas possible.
Combien de temps allons-nous nous intéresser au costume avant de commencer à faire ce pour quoi nous sommes montés sur scène ?
Avec nos aïeux, c’est la même chose. Ceux qui sont dans notre décor sont les meilleurs qui soient, puisque ce sont les nôtres, et qu’ils ont été mis là pour l’improvisation que nous avons à jouer !
Tant que nous ne pouvons pas les accepter comme ils sont, nous ne pouvons pas commencer notre jeu. Nous restons dans l’ombre du décor, dépendant de lui, incapable de devenir maître de notre vie.
Les accepter, cela veut dire les prendre avec soi, comme on prend avec soi le costume qui nous est donné comme accessoire. Les prendre avec soi, c’est littéralement les comprendre.
Mais pas avec la tête. La tête est distante lorsqu’elle réfléchit. Elle n’accepte pas, elle analyse, elle dissèque.
Il s’agit de les comprendre avec le cœur. Et les comprendre, c’est les aimer. On ne comprend que ce que l’on aime. Il s’agit de les regarder et leur dire : je vous vois. Vous êtes comme moi ! Vous êtes des hommes, des femmes qui comme moi faites un chemin sur la Terre.
- Un artiste est capable d’improviser avec l’accessoire qui lui est donné, quand il se lie à lui complètement. Il place tout son amour dans cet accessoire.
Regardez un film de Chaplin. Vous comprendrez… Il est vrai qu’avec nos aïeux et ce que nous croyons en savoir, cela est parfois difficile.
Certains aïeux ont peut-être fait des choses que nous estimons impardonnables. Et pourtant, ces choses sont impardonnables aussi longtemps que nous tardons à nous éveiller à notre propre rôle.
Ainsi, l’effort que nous avons à faire pour comprendre, c’est à dire pour aimer nos grands-parents, est à la mesure de l’aptitude qui nous manque pour devenir présents à nous-mêmes.
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Quand l’acteur improvise librement
Il est probable que notre façon de ressentir et de percevoir le monde soit, entre autres choses, influencée par de nombreux stress ancestraux. Et il est tout à fait légitime, du point de vue du costume, de se pencher sur l’épigénétique et de regarder comment ces difficultés se sont transmises depuis un lointain passé.
Mais du point de vue de l’acteur, nous avons à considérer que ces difficultés sont d’abord l’occasion de faire le choix d’exercer une aptitude nouvelle. Elles offre d’exercer une aptitude qui s’approche depuis l’avenir ; une aptitude qui permettra d’improviser librement avec ce qui est et de ne plus rester accroché à ces difficultés.
Quand je dis « improviser librement », je veux dire « agir sans besoin de compensation ». Trouverons-nous la stabilité intérieure, le calme, le courage et la confiance nécessaires pour ne rester accroché ni à la peur qu’un accessoire provoque, ni à la haine envers celui qui nous le tend ?
À tout moment, nous avons le choix de faire comme l’acteur: l’acteur, lorsqu’il a le trac, cherche à se connecter à ce qui, en lui, n’est pas paralysé par le trac. Seule cette part de lui est capable de jouer. Il a besoin de la percevoir. Et il la perçoit comme la lumière peut être perçue grâce à la matière qu’elle rencontre.
Refusez la matière, et la lumière devient invisible. Refusez le trac, faites tout pour ne pas en avoir, et la présence capable de jouer ne s’éveille pas.
L’acteur accepte son trac comme une donnée. Il ne le repousse pas et découvre sur cet écran désagréable cette présence qui s’éveille. Et avec elle, de nouvelles capacités pour rencontrer les situations qui posaient problème : la stabilité intérieure, le calme, le courage et la confiance.
Ce qui est vrai pour le trac l’est pour la peur en général, mais aussi pour les aversions que nous pouvons ressentir, jusqu’à la haine la plus forte.
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Ainsi, ce n’est pas à cause d’un stress ancestral que nous souffrons
Ainsi, ce n’est pas à cause d’un stress ancestral que nous souffrons par exemple d’une labilité des sentiments et que nous redoutons d’être blessés. C’est parce que nous cherchons à nous éveiller à notre stabilité intérieure. Les sentiments qui font mal forment un écran sur lequel nous pouvons découvrir cette stabilité nouvelle.
Il ne s’agit pas de chercher quelles histoires ont pu provoquer une telle labilité et la peur d’être blessé, mais de renforcer la capacité de nous éveiller à cette stabilité qui manque.
Nous nous illusionnons lorsque nous pensons renforcer ce qui stabilise en supprimant ce qui déstabilise. C’est pourquoi, à côté de l’intérêt que certains portent aux histoires de familles, il est essentiel de ne pas oublier une chose : quelque soit l’origine des difficultés rencontrées, nous avons à distinguer ce qui manque pour qu’elles ne pèsent plus.
Entre ce qui est transmis depuis le passé et tous les possibles s’approchant de l’avenir, nous avons besoin de devenir présent à notre propre rôle.
Certes, il n’y a pas de chemin vers le moment présent. Il n’y a pas de chemin pour toucher à ce moment d’éternité où tout l’avenir et le passé se rencontrent, sans qu’il n’y ait plus besoin de se projeter dans rien, ni de s’appuyer sur rien.
Ce moment se trouve au-delà des mécanismes internes visant à compenser les manques. Il se trouve là où l’on ne lutte plus, là où l’on ne peut se tenir à plus rien de connu.
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La démarche Saluto
Mais il y a des aptitudes qui permettent de se préparer à l’être. Et des chemins d’apprentissage permettant d’acquérir ces aptitudes. C’est ce que la démarche Saluto se propose de promouvoir.
Paradoxalement, on découvre que c’est précisément en devenant présent que l’on acquiert la maîtrise d’aptitudes comme la stabilité intérieure, le calme, le courage et la confiance. Mais ce paradoxe n’est qu’apparent : au présent, les rapports de causalité n’existent pas.
Cet article vous a plus ? N’hésitez pas à laisser un commentaire. Je répondrai dans la mesure de mes possibilités.
GL
[1] Interview du 16 octobre 2018, donnée à la Radio Suisse Romande, à l’occasion de la sortie du premier film d’Antoine Russbach, Ceux qui travaillent.
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