LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL et l’absence de transcendance !
- Posté par Guillaume Lemonde
- Catégories Au sujet de la Saluto
- Date 6 décembre 2019
Il m’est demandé parfois si la Démarche Saluto s’inscrit dans le cadre de ce que l’on appelle le Développement personnel. Pour ce que je comprends du développement personnel, la réponse est très claire !
Il m’apparait important de l’exposer dans cet article.
Photo: Gabriel VB
LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL
Comment approcher la grande nébuleuse du développement personnel, tant ce terme désigne un ensemble polymorphe de pratiques, appartenant à divers courants de pensées ? Ces pratiques se basent sur la psychologie, la philosophie, mais aussi la diététique, le sport, et parfois sur des notions religieuses ou ésotériques.
Toutefois, ce qui ressort de ces diverses approches, c’est le point de vue commun qu’elles portent sur le monde et l’humain : aussi différentes qu’elles puissent être, elles se caractérisent par une chose : l’absence de transcendance.
Transcendance, qu’est ce qui ça veut dire ?
Ce qui est transcendant se situe au-delà d’un domaine pris comme référence, par exemple, au-delà de l’humain, au-dessus et d’une autre nature. La transcendance suppose un principe supérieur. S’il y a transcendance, les fins du sujet sont en dehors du sujet lui-même. Je ne décide pas de tout et tout ne dépend pas de moi.
En l’absence de transcendance
En l’absence de transcendance, notre vie personnelle ne dépend que de nous-mêmes. Il n’y a rien au-dessus. Aucune Grâce (au sens que Simone Weil donne à ce terme) ne nous sera accordée.
Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? À ces questions, nous n’avons plus de réponses. Nous sommes ramenés à nous seuls.
Alors, dans un grand mouvement de subjectivation, on se recentre sur soi-même. On s’introspecte. On se consacre à sa propre réalisation, son bonheur, son épanouissement, son bien-être. Si nous voulons avoir une belle vie et être heureux, cela ne dépend que de nous. Si nous voulons trouver l’amour, la fortune, le plaisir, c’est à nous de le faire l’effort. C’est à l’individu seul de réussir sa vie.
Mais démuni devant l’ampleur de la tâche, on a également besoin d’aide et d’outils…
Cette aide ne pouvant venir de plus haut (absence de transcendance), on cherche une aide sur le même niveau, auprès d’un coach avec qui l’on pourra avoir une connivence affective. (Le tutoiement est requis).
- Pour répondre à notre manière à la question Où vais-je ? on trouvera auprès du coach la promesse de pouvoir reprendre sa vie en main.
- Pour répondre à notre manière à la question D’où viens-je ? on trouvera auprès du coach la promesse de réparation : ce que nous avons fait de travers, nous allons dorénavant le faire mieux.
- Pour répondre à notre manière à la question Qui suis-je ? on trouvera auprès du coach la séduisante promesse de devenir quelqu’un de meilleur.
Ainsi, les pratiques de développement personnel ont pour objectif l’amélioration de la connaissance de soi, la valorisation des talents, l’amélioration de la qualité de vie, la réalisation des aspirations et des rêves. Elles promettent la paix, la sérénité, l’authenticité, la confiance, et le bonheur en quelques séances.
En quelques séances, car en perdant le lien à plus grand que soi, le bonheur n’est vu que dans la perspective subjective du bien-être. Et le bien-être devient une fin en soi, débordant sur toutes les activités que nous pouvons avoir. Il faut donc des ouvrages agréables à lire (sans effort… donc pas de philosophie compliquée), des pratiques tout aussi agréables (sans effort, donc pas d’exercices exigeants).
On cherche des recettes simples qui tiennent leurs promesses : les 5 clefs de l’optimisme, la confiance en 10 leçons, les 3 conditions du bonheur.
Et pour que le bien-être soit complet, on abandonne toutes les idées négatives et on les reformule en pensées positives. Le développement personnel suit une ontologie optimiste et simplificatrice associée au volontarisme (Si tu veux, tu peux… Et ça ne sera ni long ni difficile.)
Les origines du développement personnel
Certains font remonter les origines du développement personnel au XVIIIème siècle, alors que Benjamin Franklin publiait Le chemin de la fortune. Ce livre pragmatique expose des recettes pour réussir dans la vie et ses affaires.
En 1926 Émile Coué fait connaitre sa méthode : Maîtrise de soi-même par l’autosuggestion consciente. Répétez vingt fois : « Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux. »
En 1943 Abraham Maslow, qui représente avec Carl Rogers la psychologie humaniste, s’intéresse aux besoins de l’homme, dont le plus élevé, selon sa théorie, est le désir de réalisation de soi. Autrement dit, l’absence de transcendance théorisée psychologiquement par Maslow.
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NB : Au sujet du développement personnel, je vous recommande l’excellent ouvrage de Julia de Funès, Le développement (im)personnel, en suivant ce lien.
DANS QUOI S’INSCRIT LA DÉMARCHE SALUTO ?
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La démarche Saluto découle de l’idée même d’une transcendance.
Plus grand que nous est à l’œuvre dans le monde. De ce fait, il faut savoir distinguer dans ce qui est à l’œuvre, d’un côté les choses qui dépendent de nous et sur lesquelles nous avons à concentrer nos efforts, et d’un autre côté, les choses qui ne dépendent pas de nous et contre lesquelles il est vain de lutter.
C’est ce qu’enseignait la philosophie stoïcienne (Sénèque, Marc Aurèle, pour ne citer que ces deux philosophes).
Donc, le si tu veux, tu peux que prône le développement personnel, n’est pas de mise. Parfois, souvent même, si tu veux, tu ne peux pas quand-même. Alors que faire dans ce cas ? Où concentrer les efforts pour retrouver un équilibre entre ce que l’on peut changer et ce que l’on ne peut pas changer ?
Photo Andy Sheahan
Les exercices proposés par la démarche Saluto, comme ceux qu’enseignaient ces philosophes stoïciens, demandent de la persévérance. Cela ne se fait pas en 3 leçons. Cela s’exerce. C’est donc long et exigent.
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Méthodologie et langage
Pour savoir quand et comment s’exercer, cela nécessite une connaissance, et donc une méthodologie et un langage appropriés (il y a par exemple un langage et une méthodologie mathématique, tout comme il existe un langage et une méthodologie de la physique). Il doit être possible de transmettre cette connaissance de façon claire de manière à ce que celui qui adopte une démarche de connaissance devienne autonome. Cet apprentissage demande évidemment du temps et de l’exercice. C’est, comme tout apprentissage, exigent.
De ce point de vue, la démarche Saluto s’inscrit dans le registre des sciences humaines (ce vocable est un peu réducteur en francophonie. Il est nommé Geisteswissenschaft, Science de l’esprit en Allemagne et ne se cantonne pas qu’à la psychologie, mais à tout ce qui concerne l’humain).
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Pas de promesses
Comme avec toute science et toute philosophie, il n’est pas fait ici de promesses d’aller mieux, de retrouver la confiance, ou de réparer ce qui ne va pas (et encore moins d’y parvenir en 5 leçons). Il est juste proposé une démarche de connaissance de la nature humaine et du monde et une pratique qui en découle.
Au lieu de l’introspection subjectiviste du développement personnel, il est proposé de se décentrer. Le Connais-toi toi-même ne va pas sans trouver sa place dans le cosmos. C’est par une ouverture à l’altérité que l’on se trouve. Il est donc proposé d’apprendre à observer, à écouter l’autre. Et non pas à s’observer et à s’écouter soi-même.
Le chemin entre soi et soi-même, c’est l’autre. La démarche Saluto est une activité qui nous projette vers autre chose que nous-même pour finalement nous trouver d’autant mieux et pouvoir agir en accord avec ce qui est demandé et non pas ce que l’on souhaite !
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S’exercer
Ainsi, la Démarche Saluto ne promet pas d’outils pour atteindre des résultats prédéterminés, visant à améliorer le bonheur et l’estime de soi. Ce n’est pas le sujet de la Démarche Saluto. En revanche elle s’inscrit par la méthode proposée et les exercices qui en découlent, dans la remarque que faisait Nietzsche :
« obéir longuement et dans la même direction, vers un but qu’on s’est fixé, procure plus de sève et de consistance à notre être que n’importe quelle recette ».
J’espère que cet article vous aura été utile. Merci pour le partage que vous en ferez avec vos amis et pour vos commentaires.
Je reviendrai sur ce sujet.
Bien à vous
G Lemonde
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3 Commentaires
Voilà qui me fait vraiment plaisir ! Il y a longtemps que je râle intérieurement après les vendeurs de recettes du développement personnel et autres méthodes de bien-être. Je me faisais encore il y a peu, la réflexion suivante : il y a des centaines de livres sur la façon d’être mieux, d’atteindre au bonheur, à la réussite professionnelle et au ventre plat… Et les êtres humains sont de moins en moins épanouis, heureux, détendus… On sert ce genre de recettes comme on vend des yaourts. En fin de comptes, quand tu parles de méthodes faciles et efficaces qui sont vantées ainsi, cela répond à une société qui fait de l’être humain un consommateur passif. Et le système de consommation enferme l’être humain dans un espace matérialiste où ne pénètre aucune lumière. Quoiqu’on achète, cela doit répondre immédiatement à tout ce que l’on désire, sans que l’on bouge le petit doigt. C’est un engrenage qui aspire et agit au bout du compte sur le comportement général. Mais il y a aussi le fait que cela se retourne également comme une arme, en culpabilisant les personnes qui n’ont pas atteint tel ou tel but : “la personne n’a évidemment pas utilisé la méthode comme il le fallait, ou bien elle n’était pas assez convaincue, ou bien elle était trop ceci ou pas assez cela… “. Ce qui enfonce un peu plus les personnes en situation de mal-être. Je l’ai vu au sein d’entreprises qui proposaient des méthodes de développement personnel dans le cadre de leurs formations internes. A contrario la Saluto ne peut qu’apporter cette lumière si absente de ces recettes, parce qu’elle montre la voie d’un processus vivant (en opposition à ces mécanismes sans âmes) qui s’inscrit dans la prise en compte de l’être humain et du monde dans leur dimension totale. Ici on n’a pas frappé les dieux d’alignement…
Excellent billet. Je suis moi-même outré par ces injonctions permanentes au bonheur distillées par ces livres. Cela révèle la fragilité de nos sociétés qui croient tendre vers la liberté absolue alors que justement elle tend bien plus encore dans une sorte de servitude volontaire si cher à la Boetie. Pourquoi n’a t-on pas compris que la beauté de nos existences sont intrinsèquement lié aux liens que nous pouvons avoir dans l’altérité. Je ne veux pas dire par là que l’individu doit disparaître dans la communauté mais au contraire, c’est parque l’individu considère la communauté comme plus grand que lui que cette dernière le lui rendra au centuple et lui permettra “d’être” et de trouver sa place consciente et inconsciente dans ce système.
Je ne l’aurais pas mieux dit. Merci