SI JE FAIS LES EXERCICES SALUTO, ÇA IRA MIEUX ?
- Posté par Guillaume Lemonde
- Catégories Articles, Au sujet de la Saluto, Exercices pratiques
- Date 12 octobre 2021
Si on fait les exercices proposés par la démarche Saluto, est-ce que ça ira mieux ?
On peut s’exercer à toute sorte de choses. Faire des exercices de maths pour intégrer un cours, faire ses gammes pour que le doigté gagne en fluidité, aller au fitness pour être plus endurant physiquement… Si on s’exerce, c’est afin de progresser en se soumettant à un entraînement méthodique. On veut atteindre un meilleur niveau de compétence, un meilleur savoir-faire, une meilleure faculté. On espère ainsi y arriver mieux dans son domaine, être plus à l’aide avec ce qui est demandé. On espère que les difficultés que l’on rencontrait soient plus facilement traversées. C’est bien pour cela que l’on s’exerce : pour y arriver plus facilement. On se met en lien toujours de nouveau avec la matière qui pose problème et on la rencontre toujours mieux. On acquière ainsi une aisance, une sérénité dans ce que l’on fait.
Mais par un étrange raccourci, on en est venu à imaginer qu’il serait possible de faire des exercices pour atteindre la sérénité sans rencontrer la matière qui pose problème… Du coup, la sérénité est devenue une fin en soi, alors qu’elle n’était que la conséquence d’une maitrise de la matière qui avait posé problème.
Cela vient probablement d’un certain point de vue sur le monde qui s’est installé en Occident depuis la fin du XIXème siècle.
Cette croyance que l’on pourrait trouver la paix sans se confronter à la matière (voire même en s’éloignant de la matière et de ses contraintes) nous conduit à vouloir agir directement sur ce qui nous habite lorsque l’on n’est pas en paix, à savoir les émotions, le stress… On délaisse le monde pour se concentrer sur son intériorité que l’on essaie de “gérer” :
Alors on suit des stages de zen attitude, des cours pour apprendre à positiver. On s’inscrit à des séminaires afin d’atteindre la paix et maximiser le bonheur… Le tout nous est vendu à la sauce du “ici et maintenant” réputé nous garantir le nirvana.
Mais en réalité la paix, le bonheur et la sérénité ne sont pas une fin en soi… Ils se donnent lorsque l’on rencontre la réalité qui pose problème et que l’on découvre la possibilité d’agir librement avec elle.
Chercher à être en paix, c’est courir après la paix comme l’âne suit la carotte qu’on lui met devant le museau pour avancer. L’âne n’atteindra jamais la carotte. La paix se trouve dans l’attention que l’on porte à la réalité qui pose problème.
Cette obsession de vouloir devenir une meilleure version de soi-même pour enfin être en paix, nous éloigne de nous-même. Ou peut-être faudrait-il le dire dans l’autre sens : c’est parce que nous sommes éloignés de nous-même que nous nous espérons autrement. Le secret, c’est qu’il ne s’agit pas d’apprendre à être calme, ni à être en paix, ni à faire le vide, il s’agit seulement d’être. Être ici et non projeté vers un but, à commencer vers celui d’être meilleur.
Les exercices proposés par la démarche Saluto ne sont pas là pour que ça aille mieux, mais pour rencontrer ce qui se présente.
Ils sont comme un espace donné pour être là où on n’a pas l’habitude d’être.
Ils offrent le cadre pour être en lien avec ce qui est.
En lien avec les pensées qui nous viennent, plutôt que pris par elles dans une course folle qui nous emmène loin de nous-même ;
En lien avec nos sentiments, que l’on repousserait sinon lorsqu’ils ne sont pas agréables ;
En lien avec nos perceptions, que l’on refuse lorsqu’elles dérangent l’ordre du monde que l’on apprécie ;
En lien avec l’obstacle que l’on voudrait sinon fuir ou anéantir ;
En lien avec la vie que l’on voudrait autrement quand elle ne nous convient pas.
Être en lien avec ce qui est, comme l’acteur se met en lien avec les accessoires du décor afin de pouvoir improviser. Tant que l’acteur repousse les accessoires, les voulant autrement qu’ils ne sont, il ne commence pas son jeu. Il reste déterminé par la vie et non présent à elle.
À l’inverse, l’acteur, dans le trac qu’il peut vivre, est en paix lorsqu’il se met en lien avec ce qui est. Ce qui est là, ce qui est à faire, ce qui se vit en lui… Il peut se lancer dans son jeu.
Alors non, si l’on se saisit des exercices proposés par la démarche Saluto, cela n’ira pas automatiquement mieux, car ce n’est pas leur finalité. Mais on découvrira qu’il est possible d’être réellement en lien avec ce qui ne nous allait pas. Et alors, étant en lien avec ce qui est et non avec ce que l’on voudrait qui soit, on pourra peut-être se déterminer d’une façon toute nouvelle, en paix.
Guillaume Lemonde
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