CHANCE OU MALCHANCE ?
- Posté par Guillaume Lemonde
- Catégories Articles, Démarche Saluto, Relation thérapeutique, Temporalité
- Date 15 mars 2022
CHANCE OU MALCHANCE ?
Dans un village, un homme possédait un très beau cheval. Le cheval était si beau que le seigneur voulut le lui acheter, mais l’homme refusa. Un matin, il se rendit à l’étable et découvrit que son cheval n’était plus là.
– Tu aurais dû le vendre, s’exclamèrent les villageois ! Maintenant, on te l’a volé ! Quelle malchance !
– Chance, malchance, qui peut le dire ? répondit le vieil homme.
Quelques temps plus tard, le cheval revint, avec tout une horde de chevaux sauvages. Il s’était échappé, avait séduit une jument et rentrait avec toute la horde.
– Quelle chance !, s’exclamèrent les villageois.
– Chance, malchance, qui peut le dire ? répondit le vieil homme.
Son fils entreprit de dresser les chevaux sauvages. Mais lors du dressage, il se cassa une jambe.
– Quelle malchance ! s’exclamèrent les villageois.
– Chance, malchance, qui peut le dire ? répondit le vieil homme.
C’est alors que l’armée du seigneur arriva dans le village pour enrôler de force tous les jeunes gens disponibles. Tous, sauf le fils du vieil homme, car s’était cassé la jambe.
– Quelle chance tu as. Nos enfants sont partis à la guerre. Ils vont peut-être se faire tuer !
– Chance, malchance, qui peut le dire ? répondit le vieil homme.
(Fable est issue de la sagesse taoïste).
***
Habituellement, nous imaginons que ce qui viendra plus tard n’est que le développement de ce qu’il y avait avant. L’idée même que l’avenir puisse s’approcher de nous (c’est ce que signifie le verbe advenir), ne nous est pas forcément familière.
Il nous est plus simple de nous projeter dans un futur imaginé d’après ce que nous connaissons. Accueillir l’avenir, c’est une autre paire de manches.
Au lieu de l’avenir, nous ne percevons que des hasards qui s’accordent plus ou moins bien avec notre quotidien. Quand le hasard s’accorde bien, nous appelons ça de la chance. Quand le hasard s’accorde mal, nous appelons ça de la malchance.
Seulement, il est évident que si un changement doit survenir dans une vie, il remettra forcément le passé en question. Il n’y a pas de changement sans remise en question de ce qui est déjà là. L’avenir ne cesse de remettre en question ce qui est connu.
Ainsi, ce que nous prenons pour de la malchance n’est rien d’autre que la marque d’un changement qui s’annonce. Je sais l’énormité de ce que cela peut signifier dans certaines circonstances tragiques.
Pourtant, lorsqu’un malheur est survenu, sommes-nous capables de devenir témoin de ce malheur, et de l’accueillir comme le point d’appui autour duquel tout un univers peut basculer vers l’essentiel ?
Ce n’est évidemment pas facile. Nous n’avons pas forcément la confiance et la disponibilité pour cela.
Être ouvert à ce qui se présente, nécessite une ressource dont nous n’avons souvent pas conscience. C’est une ressource qui n’est déterminée par rien de ce que nous connaissons. Elle ne se déduit de rien de ce que nous savons faire.
Cette ressource, c’est de la confiance en la vie, une confiance inconditionnelle. Comment l’exerce-t-on ? Comment parvient-on à la faire sienne ?
Guillaume Lemonde
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Médecin, chercheur, développe et enseigne la démarche Saluto dans ses différents champs d'application. Après des études de médecine à Lyon, il découvre la pédagogie curative et la sociothérapie, alliant la pédagogie et la santé. Pour lui, la question de toujours est d’offrir l’espace et les moyens permettant à chacun de devenir acteur de sa vie. Il ouvre un cabinet en Allemagne où il poursuit ses recherches dans le cadre de l’éducation spécialisée, puis en Suisse.
À partir de l’étude des grands chapitres de la pathologie humaine, il met en évidence quatre étapes de la présence à soi et au monde (1995) et découvre et développe à partir de cette recherche la Salutogénéalogie (2007) et la démarche Saluto (2014).
Il donne des conférences et des séminaires de formation pour enseigner cette démarche.
Il est auteur de publications faisant état de ses travaux.
2 Commentaires
Pourtant, lorsqu’un malheur est survenu, sommes-nous capables de devenir témoin de ce malheur, et de l’accueillir comme le point d’appui autour duquel tout un univers peut basculer vers l’essentiel ?
C`est une pensée très précieuse. Je vais la porter avec moi. Merci pour ce post.
Relativiser la chance qui peut rejoindre la malchance et ne pas s’embrouiller. Rester détaché et anticiper l’avenir sans passion. Combien difficile pour en arriver à une telle métrise de soi.
Merci Docteur de nous ouvrir l’esprit à des solutions réelles.