L’AVENT, UNE OCCASION DE PARLER D’AVENIR
- Posté par Guillaume Lemonde
- Catégories Articles, Démarche Saluto, Temporalité
- Date 2 décembre 2022
La période de l’Avent n’est-elle pas une occasion de parler d’avenir ?
Le mot Avent vient en effet du latin adveniō, qui a donné le verbe advenir, en français. Ce qui advient, c’est ce qui vient à nous. À ne pas confondre avec le futur, du latin futurus, participe futur de sum (« être »).
D’un côté, avec l’avenir quelque chose s’approche. Cela s’approche depuis un point qui est après maintenant. Avec le futur, on désigne un autre mouvement : ce qui sera plus tard. En parlant du futur, on s’éloigne à partir de maintenant vers plus tard.
Il y a donc deux flèches du temps.
Celle du futur est prévisible,
car elle est le prolongement du passé. Tout ce que l’on peut prévoir, c’est le futur, le prolongement d’enchainements de causes à effets dont on comprend les lois en regardant dans le passé. Le futur est en quelque sorte la projection du passé vers plus tard…
Celle de l’avenir est imprévisible,
car elle vient, dans l’autre sens, s’offrir au présent. Tout ce qui est imprévisible, ce qui se présente comme hasards, accidents, surprises, étonnements, vient de l’avenir.
Ainsi, lors de la période de l’Avent, tout en se préparant à Noël, c’est à dire à une future naissance (future, puisque prévisible), on attend un être qui advient, qui s’approche.
Chaque naissance est le moment où un être qui s’approche se montre à la lumière. Il se montre à travers tout un contexte, tout en s’approchant toujours. Il se montre depuis l’avenir, c’est à dire depuis un point situé plus tard. Lors de la naissance, tout parle déjà de lui et en même temps, il ne fait que commencer à se montrer. On ne le voit pas encore très bien. Il continue de s’approcher encore et quelques années plus tard, on le voit un peu mieux. Comme il s’approche depuis l’avenir (et qu’il n’est pas un produit du passé au sujet duquel on pourrait faire un pronostic,) rien ne laisse présager ce que cet être montrera de lui ultérieurement. On peut faire les pire pronostics au sujet d’enfants compliqués, de cancres, de pauvres êtres tombés dans des familles dysfonctionnelles, ces pronostics n’en restent pas moins une projection du passé et passent à côté de ce que cet être porte depuis l’avenir. Toute la vie, il s’explique avec un contexte plus ou moins contraignant, en s’approchant depuis un point qu’il atteindra enfin à l’heure de la mort, moment de sa pleine manifestation.
Toute la vie nous nous approchons de nous-même à partir du moment de notre mort…
La naissance est le point le plus éloigné de la manifestation d’un être. Elle est le point le plus lointain de lui-même. La mort, le point le plus essentiel.
À la naissance, ce n’est que très périphériquement que l’on connait quelqu’un. On en devine la trace à travers un contexte. À sa mort, on le rencontre dans son intimité, dans son essence.
Ainsi, la période de l’Avent n’est pas uniquement un moment de réjouissance pour la future Noël, mais un moment de souvenir de la mort qui éclaire depuis l’avenir toute une vie qui s’offre. En somme, lors de la période le l’Avent, on pourrait se souvenir de Pâques…
Lorsque chacun de mes enfants est venu au monde, j’ai eu à chaque fois ce même sentiment profond de gratitude pour le don d’eux-mêmes qu’ils nous ont fait de venir s’approcher de nous (advenir) et cela allait avec l’évidence d’une fin qui dès le début donne à la vie sa profondeur, sa force, sa beauté, sa plénitude.
Guillaume Lemonde
Médecin, chercheur, développe et enseigne la démarche Saluto dans ses différents champs d'application. Après des études de médecine à Lyon, il découvre la pédagogie curative et la sociothérapie, alliant la pédagogie et la santé. Pour lui, la question de toujours est d’offrir l’espace et les moyens permettant à chacun de devenir acteur de sa vie. Il ouvre un cabinet en Allemagne où il poursuit ses recherches dans le cadre de l’éducation spécialisée, puis en Suisse.
À partir de l’étude des grands chapitres de la pathologie humaine, il met en évidence quatre étapes de la présence à soi et au monde (1995) et découvre et développe à partir de cette recherche la Salutogénéalogie (2007) et la démarche Saluto (2014).
Il donne des conférences et des séminaires de formation pour enseigner cette démarche.
Il est auteur de publications faisant état de ses travaux.
2 Commentaires
Cela se voit dans l’art, peinture et théâtre où on a représenté (rendu présent) le présage de la passion à la Nativité !
Très beau et très éclairant, merci