CE QUE DIT LE RENARD AU PETIT PRINCE
- Posté par Guillaume Lemonde
- Catégories Présence et attention, Temporalité
- Date 12 janvier 2021
LE RENARD ET LE PETIT PRINCE
C’est alors qu’apparut le renard.
– Bonjour, dit le renard.
-Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se retourna mais ne vit rien.
– Je suis là, dit la voix, sous le pommier…
– Qui es-tu ? dit le petit prince. Tu es bien joli…
– Je suis le renard, dit le renard.
– Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste.
– Je ne puis jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.
– Ah ! Pardon, fit le petit prince.
Mais après réflexion, il ajouta :
– Qu’est-ce que signifie « apprivoiser » ?
(…)
– C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « créer des liens ».
– « Créer des liens » ?
– Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais si tu m’apprivoises nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde.
En lisant ce texte extrait du Petit Prince de Saint Exupéry, me vient que ce qui est unique n’a jamais été et ne sera jamais plus.
Et c’est très important de se représenter ce mystère, car ce faisant, c’est tout l’avenir qui s’ouvre. Permettez-moi de développer…
Quand on se tourne vers le passé pour expliquer la rencontre de deux êtres, quand on dit que X et Y se sont rencontrés parce qu’ils étaient au même endroit au même moment et qu’ils avaient des intérêts communs, a-t-on perçu ce qu’il y a d’unique entre eux ?
Les explications s’appuient sur le passé. Elles s’appuient sur la recherche de causes. Chercher des explications, c’est regarder vers le passé. Et dans le passé, comme tout ce qui se passe n’est jamais que le développement de ce qui était avant, rien de nouveau ne peut apparaitre. Juste des développements, des variations de la même chose. C’est pour ça que l’on dit que l’histoire bégaie… Et c’est pour cela que ce qui est unique ne peut pas s’expliquer à partir du passé.
Ce qui est unique vient depuis l’autre côté. Cela vient de l’avenir. Cela s’approche depuis l’avenir et se trouve accueilli ou pas, selon que l’on s’ouvre à l’avenir ou pas.
Accueillir l’avenir, c’est se rendre disponible à ce qui n’est pas prévisible.
Cela demande donc de ne pas rester dans le passé.
Or, dans le passé on y est quand on a des attentes, car les attentes nous font voir ce qui se présente en fonction d’elles. Évidemment les attentes ne sont pas un problème en soi, mais il est important de réaliser qu’elles conditionnent ce qui vient à nous, en fonction de ce que le passé a installé en nous de manques. Elles sont fermées à tous les possibles. Elles ferment l’avenir.
Alors est-il possible de découvrir en soi l’endroit à partir duquel nous pouvons vivre nos attentes, sans subir la nécessité de les satisfaire ? Découvrir que la satisfaction n’est pas un butin que l’on prend à l’autre mais un cadeau que l’on reçoit. Est-il possible, pour ce faire, de supporter la solitude que l’on rencontre quand on n’attend de rien ni de personne de combler les attentes qui nous habitent ?
C’est dans cette solitude apprivoisée que l’on s’ouvre à ce qui est et non à ce que l’on aimerait qui soit.
Et alors, chaque instant, chaque être qui croise notre chemin deviennent uniques au monde. Et ce n’est plus pour combler un manque mais dans la joie de vivre cette rencontre que l’on a besoin de l’autre.
“…si tu m’apprivoises nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde.“
Chaque rencontre est un trésor. Chaque rencontre est sacrée.
BLOG – DERNIERS ARTICLES MIS EN LIGNE
Vous aimerez aussi

LE MARCHAND DE PILULES
