LA CROIX SOCIALE – un crépuscule ou une aube nouvelle ?
- Posté par Romain Wargnier
- Catégories Actualité, Articles, Démarche Saluto, Droit et société
- Date 21 janvier 2022
La croix sociale
par Romain Wargnier –
J’assiste comme tout le monde aux multiples actes qui ponctuent les tragiques événements que l’humanité traverse actuellement. Il est tout à fait exact de dire que cette crise n’est pas un début, mais la résultante logique d’un processus enclenché depuis plusieurs décennies, sinon siècles. Ce processus consiste en la crispation collective de nos sociétés modernes dans quatre directions mortifères, mais qui sont empruntées faute de mieux. De ce point de vue, nous assistons à un crépuscule…
Mais l’inverse est également vrai : plus que jamais peut-être, quatre nouvelles directions peuvent être prises, non pas par « la société » vue comme une entité collective, mais par chaque individu résolu à exercer des facultés au plus haut point humaines, en dépit de leur grande exigence. Ce qui alors était crépuscule pourrait tout à fait devenir aube.
Les quatre directions mortifères qui constituent ce que j’appellerai ici la croix sociale, pourraient, par un retournement que je vais qualifier ci-après, devenir quatre points cardinaux nous permettant d’introduire réellement une aube au sein du grand crépuscule.
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La première de ces crispations collectives est le recours effréné aux idéologies les plus diverses. Des idées, nous en avons tous, des hypothèses aussi. Mais lorsque nos hypothèses et théories deviennent notre unique refuge face à la contradiction que nous apporte quotidiennement le réel, de telle sorte que nous nous blindons en elles, nous sombrons dans l’idéologie. L’idéologie devient une forteresse dressée entre nous et la contradiction (le plus souvent apportée par autrui) que nous ne pouvons supporter. Les idéologies se sont déchaînées lors du XXème siècle. Nous les pensions peut-être derrière nous, et nous avons fait erreur. Aujourd’hui elles sont plus que jamais présentes, avec leur particularité intacte de confiner à la folie de par leur inaptitude à voir le monde tels que les faits nous le montrent.
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La deuxième est tissée de la sur-protocolisation dont nos sociétés font l’objet depuis des décennies. De plus en plus d’activités et de professions sont aujourd’hui totalement retirées à l’initiative individuelle et confiées à des protocoles au sein desquels les individus ne sont plus que des rouages, des exécutants interchangeables. Cette deuxième folie repose sur le présupposé, tout subjectif, que les choses seraient en ordre quand le protocole serait appliqué, et en désordre si tel n’était pas le cas. En nous blindant dans les protocoles les plus variés, en prévoyant tout, en agendant tout, en classant tout, nous tentons d’imposer au monde et aux autres notre vision d’un monde organisé…selon nos critères personnels. Mais la réalité s’en moque ! C’est nous qui la divisons en chaos et cosmos, en monde désorganisé et en monde organisé. Nous nous imaginons devoir lutter contre la désorganisation et ceux qui selon nous l’incarnent de la même façon que nous luttons contre la contradiction.
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Le troisième terme de la croix sociale est la polarisation toujours plus grande de la société en groupes d’influences. Qu’ils s’agissent d’associations de défense, de lobbies, de partis politiques, ces différents groupes s’évertuent,dans le meilleur des cas à l’aide d’arguments, mais dans le pire en ayant recours aux manipulations et chantages les plus éhontés, à influencer l’opinion dans un sens qui sert leurs intérêts exclusifs, et non le bien public. Derrière cela se cache souvent un projet (qui dans certains cas peut véritablement s’appeler complot) que ces groupes souhaitent voir se réaliser le plus vite possible, et avec le moins de résistance de la part du «camp d’en face ». Ce qui dérange ici et qu’on ne veut pas rencontrer, c’est l’autre et sa volonté contraire.
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Enfin, la quatrième folie consiste à diviser les êtres sur des critères identitaires. Le vingtième siècle a connu, dans ses pires excès, les aryens et les juifs, les prolétaires et les bourgeois. Le XXIème siècle vient d’inventer le vacciné et le non vacciné, ce qui dans la nature de la logique empruntée est exactement identique à ce qui a mené à la distinction aryen/juif (Le déclin annoncé de la biologie du peuple et la recherche de responsables porteurs de ce déclin)
Du point de vue abordé ici, s’identifier à une identité, pour la détruire ou la sauver, revient exactement au même. C’est cette identification qui est ici dénoncée, et non l’engagement bien légitime dont tout un chacun peut faire preuve pour les causes qui lui tiennent à cœur. Ce qui n’est pas supportable dans ce domaine, c’est l’identité de l’autre dans laquelle nous ne voyons que le déclin à venir d’un monde que nous refusons de voir se transformer.
Ces quatre directions constituent la croix de nos sociétés modernes, et ont pour point commun de combattre systématiquement l’autre dans ce qu’il pourrait penser, organiser, vouloir, ou simplement être lorsque cela ne nous convient pas.
A cela il nous faut opposer quatre directions radicalement nouvelles, qui toutes peuvent être comprises, approfondies, et exercées avec la démarche Saluto :
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Si nous découvrions la stabilité intérieure, nous pourrions accueillir dans la tranquilité de l’âme la pensée de l’autre, fut-elle absolument contraire à celle que nous portons et pour laquelle nous avons généralement beaucoup d’affection. Nous ne sentirions plus le sol se dérober sous nos pieds par l’expression d’une opinion contraire, nous ne serions plus identifiés à notre vérité, et donc nous n’aurions plus besoin de tenter de consolider encore et encore un édifice nous éloignant du monde réel. Nous cheminerions alors vers la vérité, ce qui est tout différent.
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Si nous découvrions la profondeur intérieure, nous pourrions accueillir également en notre âme ce qui nous semble organisé, ordonné, et ce qui nous semble chaotique. Nous ne serions plus identifiés à nos critères d’agencement personnels, et donc plus en lutte contre ceux qui en portent d’autres. Nous serions alors capable de renoncer à tous les protocoles que nous avions érigés par peur de l’imprévu. L’initiative individuelle, porteuse par nature d’imprévu, pourrait alors prendre la place qui lui revient.
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Si nous découvrions la force de l’engagement, nous ne nous sentirions pas intérieurement si faibles. Nous n’aurions ainsi plus besoin de manipuler ni d’intimider l’autre pour parvenir à nos fins. Nous ne poursuivrions ni rêves de fortune, ni rêves de gloire personnelle, car ces mirages ne se montrent qu’aux hommes égoïstes, engagés au fond davantage pour eux-mêmes que pour les projets qu’ils portent. Nous avancerions pas à pas, au service de notre objectif, en accueillant toute résistance comme une opportunité de redéfinir notre direction.
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Si nous découvrions la confiance en la vie, nous pourrions nous ouvrir à qui n’est pas notre semblable. Nous ne revendiquerions plus d’appartenance identitaire pour nous rassurer contre ce qui nous est inconnu, mais nous accueillerions l’autre dans sa différence, pour qu’entre nous l’univers s’emplisse de la richesse de nos singularités
L’exercice de ces quatre ressources fondamentales est possible.
Il ne tient qu’à nous de faire de ce crépuscule une aube.
Romain Wargnier
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