2019 – 2020 – LYON – deuxième année
CARNET DE BORD À RÉDIGER APRÈS CHAQUE MODULE (à poster dans les commentaires ci-dessous) :
Il s’agit de prendre quelques instants pour laisser résonner ce qui a été vécu durant la formation.
– Qu’ai je retenu de ce module ?
– Que vais-je prendre avec moi dans les prochains temps ?
– À quoi vais-je essayer de porter mon attention ?
– Qu’est ce qui est important pour moi ?
– etc.
– Mes demandes pour la prochaine fois.
Cet exercice est enrichissant également pour ceux qui le liront.
15 Commentaires
Cher Guillaume,
Voici ce qui résonne pour moi quelques jours après ce week-end.
Tout d’abord, l’intrication des décors…Ce à quoi je pense spontanément, c’est d’une part qu’un témoignage qui narre la manifestation du dernier renfort chez autrui, vu que celui-ci fait partie de mon décor, indique que la ressource de substitution n’est plus là. Comme tu le dis dans le document sur la dynamique du décor, le feu dans la première ligne joue alors le rôle de la terre, ou bien l’air dans la deuxième joue celui de l’eau. Il est toujours intéressant de constater que vu depuis l’avenir c’est parce que la ressource de substitution ne tient pas que le dernier renfort se manifeste, alors qu’une personne peut témoigner à partir du passé, et expliquer que c’est parce que le feu s’est dressé que la terre a manqué.
D’autre part, en tant que pédagogue et faisant partie du décor de l’élève en face de moi, je prends conscience de l’impact de mon propre tempérament, d’une part sur sa ressource de substitution, que je peux depuis le passé de l’élève, contribuer à détruire, et d’autre part sur sa petite épreuve que je peux “éteindre” par un comportement qui amènerait de façon trop forte une ressource de substitution.
Avec tout cela il y a à manger pour un moment…
J’ai été très heureux d’avoir ce document récapitulant les exercices. Je vais les pratiquer à tour de rôle suivant l’humeur du jour. La saluto est pour moi avant tout une démarche d’exercice. Les contenus intellectuels n’ont de valeur que lorsque, intégrés dans la compréhension, on peut ne plus y penser et les entendre ou les voir à partir d’une présence que seuls des exercices, ou la grâce de dieu quand il est dans un bon jour, peuvent donner.
Ces contenus sont néanmoins importants, et font partie de mes attentes pour le prochain week-end =)
Depuis cette dernière session, j’ai été davantage attentif à ce que j’ai vu. Je crois commencer à comprendre ce que signifie voir le feu, l’air, l’eau, la terre, en plus de les entendre.
Je perçois aussi mieux chez moi dans quel endroit de mon décor je me situe, et y vois donc plus clair sur les exercices à me prescrire.
Plusieurs questions/ pour la prochaine fois :
– comment s’assurer de voir au mieux chez des élèves, la manifestation des éléments et de la quête ?
– pourrait-on entendre des intrications de décors dans des cas que tu ou nous amènerions ? Peut-être en as-tu des beaux !
– suggérer, lorsque tu apportes un nouvel élément, de noter ses questions plutôt que les poser au fur et à mesure, car quand il y en a trop il devient difficile de dérouler le fil, alors que les réponses viendraient peut-être peu de temps après.
– travail en petit groupe, indispensable !
– nous donner des indications pour les choix d’exercice.
C’est déjà pas mal !
Romain
Bonjour Romain,
Même si tu t’adresses à Guillaume, je me permets cette réponse.
Pour saisir la démarche Saluto on décortique, on est obligé… Ce qui me semble aussi important c’est de ne pas perdre l’ensemble, se tenir entre les deux permet d’accéder à la profondeur de la démarche Saluto et alors elle nous offre cette merveilleuse expérience d’être intimement lié dans l’instant présent par le coeur à l’autre. J’ai souvent remarqué, à ce moment-là, que la ressource se manifeste et s’offre . C’est un mystère qui se dévoile.
Merci pour ton témoignage, tes réflexions et suggestions. On va avancer avec ces propositions.
Toinon
Merci Guillaume pour ce premier we de formation. Vivifiant et porteur.
Il me parait dorénavant clair que toute question concernant le « comment mieux écouter, entendre, comprendre celui qui me parle », trouvera sa réponse dans ma capacité à être présente et par conséquent dans l’assiduité avec laquelle je m’exerce à cette présence. Donc je m’y colle ?
Chaque instant est un terrain propice à cette tâche et chaque nouveau contexte permet de nouvelles déclinaisons de ces exercices.
Il en résulte une sensation de temps parfaitement adapté au vécu qui lui, devient plus dense. Le sentiment prend distance tout en enveloppant. La pensée est plus claire. La volonté s’engage plus facilement.
Ce faisant je me rends également compte de tous ces moments durant lesquels je ne suis pas présente, je dirait même profondément endormie dans ma conscience ce qui m’amène à la question suivante : Qu’est-ce qui (en nous ou au dehors de nous)nous permet d’agir, de décider, de collaborer, d’interagir de façon cohérente (par exple rouler à grande vitesse ensemble sur une autoroute) alors même que nous sommes absent à nous même et au monde la plupart du temps ?
En pratiquant, un mot s’est imposé à moi : Renoncer.
Non pas engager ma volonté dans le fait de prendre de nouvelles décisions mais l’engager dans le renoncement de ce qui m’est donné par nature.
De cette décision de renoncer naît un acte créateur nouveau. Ça va de pair.
A chaque fois que je prends cette décision je sens un grand pouvoir de consolidation intérieure et de confiance. Elle n’est pas un chemin vers un sentiment de liberté ; elle est l’expérience ultime de la liberté !
Voilà ce qui vit en moi depuis ce dernier cours.
Vivement le prochain !
Qu’est-ce qui (en nous ou au dehors de nous) nous permet d’agir, de décider, de collaborer, d’interagir de façon cohérente (par exemple rouler à grande vitesse ensemble sur une autoroute) alors même que nous sommes absents à nous-mêmes et au monde la plupart du temps ?
Oui, si nous sommes absents, c’est avec notre Je, c’est-à-dire avec ce qui nous permet de nous engager de façon nouvelle, lorsque nous le décidons. La plupart du temps, nous ne faisons que réagir. Nous suivons les automatismes, les enchainements prévisibles de notre mental, qui nous conduisent à répondre à la peur en la fuyant, à la haine en l’assouvissant et d’interagir avec les autres au point de pouvoir rouler à grande vitesse, tous ensemble sur l’autoroute… Notre mental est adapté à la vie terrestre. Il ne connaît que ça. Il est logique et prévisible. Ce qu’il ne connait pas, ce sont les paradoxes. Il ne connait pas la possibilité de se mettre à la place d’un autre tout en restant vers soi. Ou de rester vers soi, sans se fermer. Il ne connait pas le vide, le silence, le renoncement. Il ne connait pas l’amour.
Je le rédige une semaine après cette session des 14 et 15 décembre à Lyon
Qu’ai je retenu de ce module ?
L’enjeu de la saluto est le savoir être. C’est l’essentiel pour moi quelque soit mes moments de vie.
C’est uniquement ce savoir être qui permet de se servir des outils de manière appropriée
Ce savoir être dépend de mon engagement dans les exercices proposés. La pratique de ces exercices ouvrent mon écoute au présent dans les toutes petites choses de la vie.
Etre présent permet de dégager un espace dans lequel l’autre peut être.
C’est dans l’attention que je porte, que je m’auto-éduque.
C’est important d’entendre où est la petite ressource, alors le paysage s’ouvre. A ce moment là tout s’éclaire. C’était bon pour moi de le réentendre.
Plus on exprime des sentiments, plus on est présent. Donc poser la question : « comment vous vivez ceci aujourd’hui ? » même si le problème est passé
Qu’est ce qui m’a touchée ?
JE est perçu dans un intervalle. « si deux se réunissent en mon nom je suis au milieu d’eux » dit le Christ. Le rapprochement de ces deux phrases a créé une étincelle chez moi.
Lorsqu’un tempérament s’exprime, c’est la rencontre du JE avec les éléments de son incarnation. La rencontre d’un acteur avec tout son décor.
Quand quelqu’un décrit quelqu’un d’autre, la personne décrit surtout son décor. Ce qui est problème renvoie à une épreuve parce que je cherche une certaine ressource.
J’ai senti que percevoir cela amenait un approfondissement de la connaissance de Moi et de la tolérance pour l’autre. Même si je savais que ce que je suis avait une influence sur l’autre, le percevoir de cette manière est un choc, un éveil.
Quelles questions sont pour moi restés ouvertes ?
Comment percevoir le paysage d’un enfant ?
Mes demandes pour la prochaine fois ?
Continuer les exercices sur des cas ayant vécu l’aspect thérapeutique ou pédagogique.
Ce n’est pas tout à fait la fin d’un module mais je prend enfin le temps de partager ce qui résonne.
À la fin de chaque week-end j’ai la sensation de toucher à quelque chose d’évident. Je n’arrive pas encore tout à fait à mettre le doigt dessus mais ça se clarifie petit à petit.
Ces week-ends me laissent avec beaucoup de questions, plus ou moins précises et c’est agréable car, même si j’en ai pas les réponses, c’est comme tout un potentiel nouveau, encore flou, mais qui s’ouvre.
Ce dernier week-end, bien que suivit de loin, me laisse avec un grand besoin de prendre de la responsabilité face aux situations dans ma vie. C’est comme si cette prise de responsabilité me permettait, quand j’y arrive, à être totalement forte et libre. Alors ces derniers temps je me suis concentrée activement sur ça. Le plus dur restant de prendre mes responsabilité sans créer quelque chose de rigide et rassurant.
Sinon j’ai mis beaucoup d’attention à l’écoute que je porte aux personnes m’entourant et je trouve de plus en plus facile à entendre les éléments. Mais je me suis rendu compte que c’est plus évident si je vois la personne qui parle. Je n’arrive pas encore trop à comprendre pourquoi. Peut être que les gestes, le regard, la tonalité et l’intensité viennent appuyer les mots et confirment ? En tout cas j’aimerais creuser la part des mouvements, ou non mouvements, la part physique de tout ça. Peut-on faire un travail de même type d’écoute mais d’une manière muette ?
Voilà un peu ce qui reste du précédent week-end.
Marie
Prendre le temps d’écrire, de mettre en mots, en formes ou en couleurs pour moi-même mes vécus, ressentis et expériences est une aide précieuse. Cela me permet surtout de canaliser les perceptions, de tenter de les nommer, de qualifier le ressenti et ainsi de doucement laisser émerger une part de la réalité de l’être observé, de la situation qui se donne à vivre. Cela m’aide ainsi à mieux gérer la vague parfois submergeante des perceptions sensorielles face à une situation ou un individu – de dépasser et transformer le stade de la perception « adonnée et démunie » (donc plutôt subie malgré moi) pour, en m’en saisissant par une activité intérieure volontaire, me permettre de « digérer » le vécu, le monde, l’autre – de les mettre à distance pour pouvoir réellement observer, de poser un acte créateur à partir de la perception qui m’affranchit de la soumission impuissante à cette dernière. Plus je peux nommer, comprendre ce que je perçois, plus je peux créer une distance qui me permets d’être libre d’écouter ou non, de percevoir ou non. Je deviens libre de décider par moi même du degré de perception que j’accorde aux êtres et au monde autour de moi. Une révolution !
L’exercice présent d’essayer de formuler quelques bribes de ce vécu de manière intelligible pour d’autres n’est pas facile. Il me confronte à mon rapport à mes propres limites, à la tension qui m’habite entre l’envie de partager, d’échanger et la difficulté de m’exposer face à un grand groupe de personnes au sein duquel je me sens en confiance mais que je ne connais pas encore vraiment… je réalise à quel point ces expériences et surtout la manière dont pas à pas j’apprends à trouver mes mots, mes repères, mes couleurs pour leur donner forme – fait partie de l’intime très profond. C’est encore tout fragile et j’ai peur d’en dire trop, de poser des mots qui viendront mettre dans des cases ce qui ne peut pas l’être, d’étouffer par « trop de tête » la magie vivante d’un instrument perceptif qui, tout doucement, se met en place au creux de moi.
Bref. Ce préambule me libérant un peu de mes appréhensions, je tente de vous communiquer quelques bribes un peu en vrac de mes vécus et expériences de ce premier « entre 2 sessions » …
J’ai été touchée la dernière fois par ressentir, entendre et lire combien ce vers quoi nous cheminons dans ces rencontres se vit dans une activité vers un retournement intérieur. Les gestes des polarités qui s’inversent : la pensée s’ouvre aux perceptions du monde et la volonté se recentre vers dedans. Et tout change. C’est vers ce retournement en devenir que je cherche activement ces dernières années, notamment au travers de la pratique de l’eurythmie.
Je ressens que lorsque je fais cela, c’est comme si je passais d’une perception « texte »/perception « plane » (analytique, chronologique) à une perception « image »/perception « sphère », multidimensionnelle du monde. Le monde reste-il le même si je change de plan de conscience ?
Merci Guillaume et Toinon pour votre très beau texte d’intro et votre récapitulatif des exercices. J’ai joué ces dernières semaines surtout avec celui du chat et celui de la leçon de silence. Je les trouvent intéressants à mettre en parallèle car ils m’aident tous deux cultiver une qualité de présence accrue à l’instant, à ce qui vit là maintenant mais en passant par des gestes opposés et pour moi très complémentaires.
L’exercice du chat m’aide à focuser, taire les pensées, je suis calme mais réveillée à l’extrême, le moindre stimuli est un mini choc, le temps et espace se recentrent en un point. Qualité d’eveil diurne. Espace corporel avant. Verticale qui me traverse comme un éclair de haut en bas. Rouge-orange-jaune.
La leçon de silence à l’inverse ouvre grand tout autour, je deviens immense, l’espace autour de moi n’est plus qu’une oreille infinie qui respire très lentement, toutes les perceptions sont englobées dans un grand tout enveloppant, le temps et l’espace sont dilués à l’extrême. Qualité d’éveil nocturne. Espace corporel arrière. Grande auréole, bulle sans contours, en mouvement d’expansion continu avec point d’ancrage ressenti dans le dos entre les omoplates. Ca fait comme des grandes ailes/oreilles qui se déploient à l’infini. Vert-bleu pastel, lila clair.
Il devient très intéressant et utile de pouvoir de plus en plus intuitivement faire appel à une qualité de présence nuancée plutôt de recentrage ou plutôt d’expansion/ouverture, au choix selon les situations qui se présentent.
Intéressant également ce qui se passe lorsque je tente de pratiquer les 2 exercices simultanément,
Les deux gestes s’interpénètrent alors en une présence au point recentré ET à toute la périphérie. Etre point concentré et écoute ouverte du monde, simultanément.
C’est profondément LA qualité de présence que je recherche dans le geste eurythmique. Pleine conscience du centre et de la périphérie, en même temps.
Pratiquer ce double exercice est très pratique lorsque je souhaite me recentrer et que je ne dispose que de peu de temps ou bien que je me trouve dans un lieu peu propice au mouvement (train, salle d’attente bondée…)
Ces dernières semaines me donnent aussi souvent l’occasion de m’exercer à tenir la dissonance, le grand écart de ne pas savoir ce qui viendra quand 2 événements (ou plus) s’annoncent simultanément dans le même espace temps de façon a priori incompatible.
Rentrer en soi. Dépasser la peur, stabiliser le doute. Renoncer à vouloir trancher arbitrairement pour échapper à l’inconfort de la situation. Accueillir pleinement le vide, le tourbillon, le tiraillement entre 2 réalités a priori exclusives l’une de l’autre. Ne pas fermer les yeux et faire comme si de rien, accueillir et regarder pleinement la contradiction apparente en renonçant consciemment à la corriger, la rectifier. Vivre et ressentir profondément le lien à chacun des possibles en présence, puis prendre en soi les deux ressentis en même temps. Et du coup, je reste calme et la présence s’élargit.
Si je fais cela, dans les heures ou les jours suivants la situation n’a plus rien à voir, quelque chose s’ouvre dans la réalité extérieure qui répond à mon calme intérieur et l’espace temps semble se remodeler, de nouvelles possibilités s’offrent qui n’existaient pas (ou n’étaient pas visibles…?) auparavant de sorte que tout devient possible là ou tout était bloqué.
Un pont hors du temps se tisse et relie deux berges opposées… et s’ouvre sur une force sereine, la capacité à faire et à être en se reliant joyeusement à tout ce qui est !
Je poursuis l’observation de ma façon d’écouter lorsque les gens me parlent : je note pour moi-même les fois où je réagis intérieurement par des pensées ou couleurs de sentiments au contenu de ce qui est dit, et les fois où au contraire je suis tout accueil et espace de résonance ouvert à l’autre… Quand cette 2eme situation est possible, je ressens comme si les mots coulent et se mélangent dans l’espace médian, vers cœur et respir (Ça fait comme un tableau impressionniste ou comme une symphonie en eurythmie : cest flou, vivant et ca bouge dans un flux rythmé) je les laissent jouer entre eux et parfois, de leur ronde, émerge une couleur, un élément, une note… et je peux alors accueillir, éventuellement parfois ensuite reconnaître ce qui se révèle de l’être qui parle et se cherche derrière les mots. Le contenu n’a alors plus d’importance, seule la couleur des mots, leur ondulation dans la corolle ouverte des ailes en écoute devient vraie et évidente dans ces moments là. Et là, oui, parfois, il y a du feu, de l’air, de l’eau ou de la terre qui apparaît.
Mais surtout je réalise que, le plus souvent, je n’écoute pas avec mes oreilles. Ma principale activité d’ecoute se trouve dans l’accueil de ce que je perçois dans les gestes de ceux qui croisent mon chemin. J’« ecoute » la démarche, l’équilibre dans le corps, les appuis, le déroulé du pied, la façon de tenir son sac à main, de mettre son bonnet, de porter la fourchette à sa bouche ou de tendre son doigt vers la sonnette… J’ouvre grand tous mes sens pour écouter de tout mon être et de tout mon corps la qualité du mouvement qui s’exprime à travers l’autre… sa densité, sa vitesse, sa texture, sa souplesse, sa luminosité, sa couleur, son goût… est il plein ou fragmenté, léger ou lourd, rond ou pointu, allant vers dedans ou dehors, hésitant ou franc, etc. Qu’est ce que l’autre me dit de lui lorsqu’il se meut ? Et c’est le même enjeu d’écoute que pour la parole : comment me laisser pénétrer du mouvement sans enquêter, sans chercher tel ou tel élément et surtout sans laisser mon propre mouvement interagir ou interpréter…
J’ecoute de toute mon attention le mouvement de l’autre et sa présence à son corps.
Et apparaissent, à coté d’autres choses encore, des qualités qui pourraient s’apparenter à de l’air, de l’eau, du feu, de la terre.
Mais c’est encore très maladroit, très incertain et je dois bien dire pas vraiment scientifique cette manière dont les éléments apparaissent au creux de mon ressenti ; je n’arrive pas encore à décrire objectivent ces qualités différentes, je risquerai de créer des „cases“ et de catégoriser trop vite. Quelque chose commence à se révéler, à se répéter dans l’expérience intime que je fais de l’écoute du mouvement de l’autre. Cest fragile, delicat, et si je veux le saisir ca disparait.
Des liens se tissent qui n’étaient pas là avant, des éléments communs apparaissent chez des personnes présentant une constitution physiologique a priori totalement différente. Et vice versa : des ressentis de mouvement très divergeants chez ceux qui semblent se ressembler…
En tous cas pour moi il me semble de plus en plus évident d’écouter l’autre lorsqu’il se meut que lorsqu’il parle. Il y a moins de filtres que dans la parole. Mais peut être n’est ce vrai que parce que j’ai plus exercé jusqu’à présent dans ma vie l’écoute attentive du mouvement que celui de la parole… ?
Ces dernières observations me font me demander si la formation de notre instrument corporel de perception est plus ou moins influencée par la nature de notre quête, de la ressource que l’on cherche ? Ou dit autrement : Est-ce parce que je cherche à développer tel ou tel instrument de perception de ce qui se révèle derrière l’aspect du monde que je suis en chemin vers telle ou telle quête/telle ou telle ressource? Ou bien encore : est ce parce que je cherche telle ou telle ressource que je tend à développer tel ou tel outil de perception ?
Il y a-t-il des « familles » d’instruments perceptuels?
Il y a-t-il une prédisposition commune aux personnes d’une même quête, une direction commune en terme de potentiels de perception en devenir, ou une sorte d’ «âme groupe » pour chaque ligne ?
Dans tous les cas, si chaque individu travaille son instrument, peu importe sa ligne, il en résulte certainement un paysage très interessant de nouveaux instruments perceptuels « en mode conscience retournée » et polarités inversées. On devient tous des sortes de « chaussettes retournées » avec l’interieur a l’exterieur et vice-versa!
Le monde se retourne-t-il alors aussi ?
Il y en a-t-il parmi nous qui entendent plus spontanément dans les mots, d’autres le mouvement, d’autres peut être ailleurs encore… dans le toucher, l’odorat, le goût ? C’est comment chez vous ?
Et comment élargir l’écoute de l’autre à tous mes sens ? Comment devenir une grande oreille avec tout mon corps ? Et comment bien rester moi-même ce faisant (C.f. exercice combiné du chat et du silence) !
Je me réjouis de vous retrouver samedi.
Merci pour l’aventure…
Camille
Bonsoir, de retour à la maison, je repense avec joie à ce weekend et vous remercie pour ce que nous avons pu échanger.
Je remercie également Toinon pour son eurythmie et sa belle présence.
Les documents promis au sujet des apports de ce weekend vont être consultables dans l’article “Divers supports” de l’espace membre.
Chaleureusement.
J’ai repris le train en marche, n’ayant pas assisté au week-end de décembre, et j’ai commencé par lire tous les commentaires écrits sur ce tableau de bord à la suite du premier week-end. Je me suis aperçue qu’on pouvait, avec ces commentaires, faire les mêmes exercices qu’avec les témoignages dans lesquels on tente de repérer les différents éléments. Finalement, je m’aperçois que toute parole engagée, qui vient de la profondeur, parle de nous.
J’ai eu l’occasion d’en témoigner lors de ce week-end, je tente de poursuivre cette pratique de retenir les questions, les analyses intérieures qui mécaniquement se présentent. je sens que pour saisir, il m’est important de faire le chemin d’apprendre à me désaisir. C’est une épreuve, cela me demande de sortir de la zone connue.
Cela m’a fait du bien quand ce week-end ont été abordées et spécifiées les différentes peur, qui jouent sur chaque ligne. En ce qui me concerne, la peur de ne pas savoir, joue beaucoup comme un frein. Le fait de l’entendre énoncée, de la percevoir comme faisant partie de mon paysage, m’a détendue. Cela a permis de décider, ce week end, de faire cette pratique qui consiste à faire du neuf, en laissant de côté des choses que je ne comprends pas immédiatement. Je sens que c’est la détente qui constitue un critère de justesse dans cette voie. Et je sens aussi qu’au point ultime, cette détente est le signe de l’Amour.
Je sens aussi qu’il ne peut pas y avoir de pratique en dehors du présent, et que ce chemin est en définitive un chemin de présence, sans limites.
Les moments d’eurythmie sont très précieux pour moi, car je ressens vraiment le besoin d’intégrer toutes ces notions, tous ces gestes relatifs à chaque ligne, à travers le corps.
Pour l’instant, la ligne que je ressens le mieux est celle sur laquelle je me suis reconnue.
(qui je pense ne vous aura pas échappé avec ce témoignage!)
J’ai besoin d’approfondir le lien avec les éléments. Pour l’instant, certaines réalités concernant les éléments dans différents endroits du tableaux sont encore restées des idées. J’ai besoin de multiplier les exercices d’écoute et de repérage pour faire descendre ces notions en moi.
Je sens que pour cela le temps est nécessaire et qu’il s’agit d’un processus.
Je me sens très nourrie par tout cela.
Merci
Merci pour ce beau week-end, riche et bien construit.
Ce qui me reste, à mesure que j’avance avec cette démarche, c’est précisément que le mot “démarche” me semble réducteur. Je vis la saluto aujourd’hui comme une possibilité de rencontrer pleinement l’autre, d’être avec lui, totalement. Les mots sont même difficiles à trouver pour caractériser cet état de “pleinement avec toi, sans attente, sans jugement, mais engagé et actif”. Il y a quelque chose de bouleversant là-dedans. Une percée a été faite dans la compréhension entre les hommes, sans précédent aucun à mon humble avis. Rencontrer l’autre devient aujourd’hui seulement, possible. Et cette rencontre ne s’ouvre que dans le renoncement, un mot qui résonne de plus en plus fortement à mes oreilles. Renoncer à comprendre, mais développer un intérêt sincère, permet cela.
Je réalise que l’important, ça n’est pas d’aider, de soigner, mais en premier lieu de rencontrer. Et cela permet tout le reste, si dieu le veut.
Le renoncement à savoir, c’est ce à quoi je m’emploie maintenant. La peur de ne pas savoir, c’est ce que je dois traverser à chaque fois. Le renoncement à suivre la petite pensée qui veut s’imposer à moi dans les situations les plus diverses de la vie, c’est capital.
Et puis observer, encore et encore, les enfants à l’école ! Pour information, avec les collègues de Lyon nous avons décidé de créer une commission saluto-pédagogique, qui se réunit tous les lundis. De fort belles perspectives, nous n’en sommes qu’au début !
Merci
Romain
Je garde de ce week end la nécessité de savoir s’orienter dans toutes les perceptions qui se présentent lorsque nous faisons preuve d’attention pleine et entière.
Car si de plus en plus il est possible de faire jaillir cette présence, ce qui est observé alors peut rester silencieux sans ces repères premiers que nous travaillons. Caractériser la perception après coup pour la reconnaitre au présent, pour qu’elle “parle”, tel un augure.
Une petite situation s’est présentée à moi, la classe s’est faite un devoir de monter une pétition (avec chanson révolutionnaire en bonus) contre le dictateur romain que je suis devenu…
J’appréhendais ce moment où ils allaient me présenter leur contestation.
Lundi matin, fiers, ils ont chanté leur chant révolutionnaire, puis m’ont présenté la pétition.
Une enfant me dit : “on ne veut plus de dictateur!”
Je m’y attendais mais cela ne m’a pas heurté, je lui réponds sans once d’antipathie : “très bien je me retire, la place est libre, qui fait cour à ma place? -moi, dit l’enfant.”
Elle se présente devant le tableau (sans s’aperçevoir qu’elle devient alors la nouvelle dictatrice) et dit:
“-aujourd’hui nous avons cours de récréation! Suivez moi!”
A ces mots les enfants me regardent, je les regarde à mon tour, présent au présent de la situation, l’enfant fonce vers le couloir, les enfants me regardent encore avec un air interrogatif, je reste ouvert sans attendre quoique ce soit, sans colère, sans déception, sans blessure intérieure, simplement là, ils restent à leur place, 5 longues secondes de silence passent pendant lesquelles nous nous regardons puis je dis:
“sortez vos cahiers d’exercices”, et le reste de la journée s’est écoulé tranquillement sans émeute! et fut très riche en échanges et en apprentissages.
Au bout de 5 minutes tout de même, une autre enfant est allée chercher la dictatrice au règne le plus court de l’histoire de la république de la 6ème classe, et peut être même du monde qui attendait ses camarades dans le couloir, elle s’est rassise tranquillement pour s’intégrer au déroulement du cours…
Je craignais que la situation me mette dans le “feu” de mon paysage, ce qui probablement aurait eu lieu si une autre disposition intérieure fut mienne, j’observe que la seule pleine attention à la classe à ce moment là, pleine d’équilibre intérieur, a suffit aux enfants qui sont restés paisibles.
expérience essentielle! Merci Grégory. Ce que l’on fait extérieurement compte souvent moins que ce que l’on “fait” au-dedans. Comme tu dis : la seule pleine attention à la classe à ce moment là, pleine d’équilibre intérieur, a suffit aux enfants qui sont restés paisibles.
Les exercices de présence au service du savoir être ont été très évocateurs pour moi.
L’apport sur nourrir un niveau de conscience présenté comme une auto-éducation qui passe par la perception de ce qui se passe autour de moi, par l’attention que je porte à la rencontre, et qui permet de découvrir l’autre côté une activité qui est une auto-éducation, m’a posé quelques problèmes de complexité (représentation) que je crois avoir dépassé. Du coup changer le niveau de conscience m’apparait d’autant plus essentiel…
L’apport sur les tempéraments m’a beaucoup éclairé, et celui sur les intrications a renforcé l’importance de conscientiser le savoir être. J’espère que les intrications seront encore abordées et d’un angle différent comme tu sais si bien le faire. (En écrivant ça je suis gêné tant je ressens de la gratitude pour tout ce que tu nous apportes déjà, et la représentation que je me fais du travail que ça représente.)
Je choisis de partager un vécu particulier qui s’est produit à quelques reprises et que je mets en lien avec la maturation du travail Saluto qui prend place et s’actionne dans ma vie.
Certains vécus relationnels restés avec quelques points d’interrogation dans ma biographie, reviennent spontanément à mon conscience, et grâce à la présence dont je suis capable aujourd’hui, ils se digèrent, ils s’apaisent, ils se résolvent et trouvent alors leur juste place dans mon passé, C’est très surprenant comme vécu, inattendu. Ma simple présence semble avoir permis cela. Et « mon regard Saluto » m’a aussi montré comment ces situations ne pouvaient de toute évidence pas être vécues autrement, à l’époque. Car sans présence de part et d’autre, confondus à nos personnages et coincés dans nos ressources de substitution, nous ne pouvions pas vivre autrement les situations d’alors.
Je n’ai pas cherché à faire le ménage dans mon passé ; je serais tentée de dire que le simple fait d’être totalement présente, de les revivre « en mode Saluto » a permis une résolution.
Ceci dit, j’ai le sentiment que ces vécus continuent à faire partie de ma biographie sans que je sente le besoin de les effacer. Je le vis plutôt comme une acceptation, une intégration de mon histoire.
Me vient en image comme résumé de ce processus, une lemniscate, avec comme point central le présent et les deux lobes représentant le passé et l’avenir, avec cette circulation vivante formant un tout.
Apprendre à vivre et à conjuguer au présent, c’est un cadeau…
Regard dans le rétroviseur.
Depuis le début de la deuxième année, j’ ai écrit mes impressions mais je ne les ai pas partagé sur cet espace ( Il a d abord fallut que je le trouves ! )
Le premier WE a été une épreuve pour moi . Plus je me crispais dans ma tête pour comprendre et assimiler ce qui était dit, plus j avais l impression de finir dans un état de sidération où je comprenais de moins en moins .Tout se melangeait et cela m avait laissé un goût amer d études et d examens.
J ai réalisé à quel point l eurythmie m avait manqué.
Le deuxième WE fût très différent. C était plus léger, plus fluide , moins ” crispé ” et l aube d une compréhension se levait pour moi .
A partir de là, j ai pu me mettre plus facilement en chemin et m exercer à écouter et reconnaitre les éléments dans le suivi Biographique où les rencontres quotidiennes.
J ai surtout fais le plus d exercices pour transformer le plus grand chantier …moi !
Par la suite ,le travail régulier avec zoom , dans cette période si particulière de confinement, fût un beau cadeau que j apprecie à chaque rencontre et dans l intervalle de celles ci .
Une chose essentielle m interpellait toujours .C était la distribution du paysage de chacun et l identité qui s en suivait .
J avais de la difficulté a accepter de rester dans une “case ” . Chaque fois une petite voix en moi disait ” Tu es de la cinquième ligne ” .J essayais de comprendre et d accepter intellectuellement ” ma ligne ” mais cela sonnait faux . Et je me refusais à faire de la Saluto une valeur ( cela aurait été le pompon ? )
De plus dans ma vie ,chaque fois que j ai essayé de me mettre dans une case ,elle a explosé.
Et ….grâce au cours sur les grandes ressources j ai enfin eu une réponse. Comme si la vie circulait enfin sur une ligne et entre les lignes .C était la cinquième ligne que je cherchais .
Le lien , la vie , une respiration s installaient.
Il y a 4 évangiles et le cinquième de R Steiner m a bouleversé et éclairé.
Ce dernier cours m a faite passer dans une autre dimension, l Amour se trouve là.
Au grand plaisir de continuer cette route avec vous tous .