Comment se prépare-t-on à mourir ? Comment peut-on rencontrer ce qui ne se produit jamais qu’une fois dans une vie ? Quelle autre expérience porte avec elle l’impossibilité de s’orienter à ce que d’autres pourraient témoigner ? Bien-sûr il y a des textes qui parlent de la mort. Ces écrits ne remplacent pas l’expérience, mais ils peuvent au moins rassurer. Cependant comme personne de ceux que nous connaissons n’est revenu pour nous les confirmer, l’espoir qu’un récit pourrait offrir est facilement mis à l’épreuve.

La mort nous prendra dans notre naïveté première ; au sens ou la naïveté signifie littéralement d’être comme un nouveau né, inexpérimenté. Elle surviendra un jour comme une première fois, un premier rendez-vous. Pour peu que nous soyons conscients à ce moment-là, ce sera l’événement le plus intime de notre vie, car il sera absolument impossible à partager. Tellement impossible à partager, qu’il sera probablement  comme si nous étions seul à le vivre, unique en notre genre. Comme s’il s’adressait à ce que nous avons nous-même d’unique au monde, comme si la mort était l’instant par excellence où ce que nous avons d’unique au monde était interpelé directement.

Mais ce que nous avons d’unique au monde nous est souvent inconnu et c’est pourquoi la mort peut faire si peur. Elle nous fait peur à la mesure de cet inconnu que nous sommes pour nous-même.