Pédagogie – Cahier N°3 – 1/4

Ce cahier en quatre partie, intitulé « Qui est au centre de l’éducation », interroge le postulat aujourd’hui admis presque unanimement selon lequel l’élève se trouve au cœur de l’acte pédagogique, et que l’équipe enseignante, telle un amas de satellites, gravite autour. Cette manière de considérer l’objet d’une démarche (en l’occurrence l’élève, qui est l’objet de l’acte pédagogique) en retranchant le sujet qui le rencontre (l’enseignant ou le parent) est un classique de notre rapport au monde. Dans tous les domaines, ou presque, de la science, se trouve chevillée au corps, ou plutôt à l’esprit, la conception selon laquelle le sujet qui observe et rencontre le monde n’est pas important, car il induit de la subjectivité dans une réalité qui existe indépendamment de lui, subjectivité considérée comme source d’illusion et d’erreur. C’est ainsi que, dans le domaine de l’éducation, on a cru bon d’effacer la personne de celui qui éduque. Cet état de fait est dans une certaine mesure tout à fait justifié. Nul ne niera aujourd’hui que la somme de savoir d’un enseignant ne lui est que peu d’utilité face à un élève, que ses préférences personnelles n’ont aucune importance, et qu’il ne lui suffit pas d’être doué dans tel ou tel domaine pour que l’élève, touché par la grâce, le devienne à son tour sans exercer. Derrière la pensée qui place l’élève au centre de l’éducation, il y a la volonté de remettre la pratique, l’exercice, et la construction (un mot encore très à la mode aujourd’hui) de ses propres savoirs par ce dernier. L’enseignant devient donc un impersonnel qui se met au service de ce processus. Qui peut contester cela ? Ce que nous voudrions faire remarquer, c’est que le raisonnement qui conduit à ce postulat doit aujourd’hui être développé un cran plus loin. Nous pourrions alors être bien surpris des conclusions qui en découlent.