MOI, JE FAIS CONFIANCE AU GOUVERNEMENT…
- Posté par Guillaume Lemonde
- Catégories Actualité, Articles, Psychologie (Saluto Psychologie)
- Date 5 octobre 2021
MOI, JE FAIS CONFIANCE AU GOUVERNEMENT…
Une fidèle lectrice du blog m’écrivait il y a peu de jours :
« J’entends souvent des gens dire cette phrase (que je trouve stupide) qui revient en boucle dans cette crise politique face aux vaccins qui est : “Ah ben, je fais confiance à notre gouvernement ou à mon médecin.” J’ai l’impression que le mot “Confiance” est utilisé pour se cacher de la peur de la vérité, ou par manque de ressource ou de temps. (…) On sait qu’une confiance aveugle peut mener (…) aux plus grands drames. Comme si le cerveau de certain était incapable de réfléchir de par lui-même. »
Habituellement, quand il est question de confiance, on imagine une attitude consistant à croire que le meilleur va arriver. Dire que l’on fait confiance au gouvernement, c’est dire que l’on s’en remet au gouvernement pour le meilleur. On investit le gouvernement d’une activité qu’on lui délègue. La confiance se réduit ici à l’attente passive de quelque chose en particulier : que cela aille mieux. Mais cela n’est pas de la confiance. C’est de l’espoir, au même niveau que le fatalisme, qui est lui aussi une attitude passive nous conduisant à attendre également quelque chose de particulier, à savoir que cela ne se passe pas comme on aimerait.
L’espoir et le fatalisme sont de même nature :
Ce sont des projections du meilleur ou du pire là où il est difficile de rester bien au présent de ce qui est. Quand on reste au présent de ce qui est sans projeter sur les événements ses peurs et donc ses espoirs ou son fatalisme, conduit à découvrir que les événements n’ont pas à être classés en bons ou mauvais au gré de nos espoirs, mais qu’ils sont comme ils sont. Ils peuvent nous déplaire, mais lorsque l’on est présent à ce qui se passe et que l’on ne classe pas a priori ce qui pourrait arriver en bons ou mauvais évènements, alors, ouvert à tout, reste l’évidence que la vie est bonne. Être confiant, c’est être présent à la vie de la sorte. Le mental qui ne connait pas cette attention présente, ne peut pas le comprendre. Pour lui, le fait même d’énoncer que la vie puisse être bonne, alors même quand les faits sont déplaisants voire tragiques, relève d’un paradoxe insurmontable… Il s’imaginera que ce qui est ici exposé ne peut être le fruit que d’un déni ou d’un clivage… Il y verra une paire de lunettes roses venue empêcher d’être réaliste.
Rien de passif dans la confiance.
Être confiant, c’est être ouvert à la vie et à ses surprises. C’est le talent d’être en lien à ce qui se présente au point de devenir dans chaque événement l’origine de ce qui nous arrive.
Mais là aussi, le mental, en lisant ceci, ne comprendra pas : il nous fera croire que si on se voit à l’origine de ce qui arrive, c’est qu’on est prêt à se laisser faire n’importe quoi. Mais en fait, être à l’origine de ce qui arrive ne signifie justement pas que l’on accepte ce qui s’est produit, mais que l’on peut en répondre : on peut prendre ce qui se passe avec soi et en répondre. Quand on reste avec son espoir, on ne répond de rien. On refuse ce qui pourrait contrevenir à cet espoir. On repousse ce qui pourrait se passer dans la mesure où cela n’irait pas dans notre sens.
Quand on est confiant, on ne repousse rien.
On agit avec ce qui se passe. On peut se déterminer et devenir créatif, inventif. Comme le judoka ouvert à tout ce que son adversaire peut lui présenter et jouant avec ce qui se présente. Le judoka est-il passif ? Non, il est engagé, disponible, alerte et actif.
Quand on est confiant, on est engagé au point qu’il devient même possible de se lier à quelqu’un, prêt à répondre de tout ce que cette personne pourra faire. C’est ainsi que lorsque l’on est confiant on peut décider de faire confiance, réellement, sans que l’espoir ne vienne altérer cet engagement.
Faire confiance à quelqu’un, c’est être lié à cette personne au point de ne fonder aucun espoir en un résultat. La confiance est au présent. Elle ne se nourrit pas de résultats. Elle ne peut pas être déçue. Si une confiance a été déçue, c’est que ce n’était pas de la confiance, mais un espoir.
Alors suis-je prêt à répondre de tout ce que fera le gouvernement ? Suis-je prêt à porter avec lui les conséquences de ses décisions qui pourraient ne pas me convenir ? Si ce n’est pas le cas, ma prétendue confiance n’est qu’une chimère, une tentative de me rassurer d’une peur ; la peur de la vie, la peur de ce qui pourrait se passer…
C’est parce que je ne suis pas confiant que j’investis une autorité du rôle de me donner un succédané de confiance, un espoir. C’est la peur qui nous fait chercher des autorités rassurantes, comme le petit enfant cherche un parent rassurant.
Guillaume Lemonde
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