TOUCHER À L’INFINI EN L’HOMME
– TOUCHER À L’INFINI EN L’HOMME –
Les objets du monde, la pierre, une plante, un animal quels qu’ils soient, sont parfaits. Ils sont aboutis, totalement. On ne peut rien y ajouter.
Vis-à-vis d’eux, je peux faire l’expérience de quelque chose de fini. Je peux avoir à leur sujet une idée aboutie, vérifiable et transmissible. Une idée vraie. Et on imagine que ce serait la même chose pour l’Homme…
Or, lui, n’est pas fini. Il est le seul élément du monde qui soit en devenir. Et ce qui n’est pas fini en lui, c’est l’activité du Je. C’est à nous en quelque sorte, en tant qu’homme, d’achever notre propre création ; de la laisser advenir. Car il y a dans notre condition ce que la nature a fait de nous et qui est achevé, mais il y a aussi ce que le Je vient en faire, et qui ne l’est pas.
C’est ce qui fait précisément la nature profonde d’un Homme : il ne participe pas des choses finies.
Il advient tout au cours de la vie depuis l’avenir.
Il faudrait pouvoir s’intéresser à l’Homme de façon à toucher à cet infini;
pouvoir le faire advenir, et ce, malgré les forces de la nature (contextuelles et corporelles). Faire advenir dans ce qui est conditionné par la nature, de l’inconditionnel.
Tel est le défi que doit relever l’éducateur face à tout enfant.
Si l’accompagnement des enfants devait se baser sur le fait qu’à un stimulus, une réponse adaptée est attendue, on ferait appel en l’homme, par ce comportementalisme, à ce qui en lui est de l’ordre des choses finies. On ferait appel à sa part naturelle, douée de réflexes, que l’on aimerait reproductibles.
Alors, comment apprendre à faire advenir en chaque enfant l’être en devenir qu’il est ?
Guillaume Lemonde
2 Commentaires
Étrange, cette partition de l’homme du reste du vivant, surtout sur cette base si fragile: les sciences récentes aussi bien que les traditions les plus anciennes nous apprennent au contraire que rien n’est “parachevé” (une autre façon de dire “fini”) dans la nature, que tout est en perpétuelle transformation sous l’effet de la vie. Que la conscience de ces transformations fasse partie de cette évolution, de ce développement, voilà qui est tout autre chose. Mais là aussi, quelle conscience l’homme ordinaire a-t-il de lui-même et de sa participation consciente à une évolution? Évolution vers quoi d’ailleurs? Tout le monde ne s’accorde pas là-dessus non plus. Et si la spécificité de l’être humain comme animal intelligent (?) était dans sa capacité à //imaginer// son propre développement, à travailler sa conscience de ce développement?
Questions qui nous plongent dans des abîmes. En tout cas, du point de vue de l’humanisme cartésien tout s’équivaut dans le monde et l’évolution est le fruit d’accidents et de hasards. Du point de vue de l’humanisme universel d’un Pic de la Mirandole ou d’un Paracelse, la question de l’infini en l’homme prend tout son sens. Ces deux points de vue ne s’excluent pas. Ils ne regardent tout simplement pas au même endroit de la nature humaine.