TAUX D’INTÉRÊT ET CONFIANCE EN LA VIE
- Posté par Guillaume Lemonde
- Catégories Actualité, Articles, Démarche Saluto, Exercices pratiques
- Date 21 octobre 2022
TAUX D’INTÉRÊT ET CONFIANCE EN LA VIE
Les taux d’intérêts sont en train de monter. Il est de plus en plus cher d’emprunter de l’argent. Il y a peu, si vous empruntiez une certaine somme pour financer par exemple une maison, vous deviez rembourser, avec cette somme, un très petit pourcentage d’intérêts. Autant dire qu’il était devenu quasiment gratuit d’emprunter. Cela a même été parfois rentable, puisqu’avec des taux négatifs, on vous donnait de l’argent pour le faire.
En économie, les taux d’intérêt sont corrélés à la confiance que l’on peut avoir en le futur. Plus le futur est incertain, plus il devient risqué de prêter de l’argent et plus les taux sont élevés.
(ceci est un raccourci. En pratique les taux à la hausse sont décidés par les banques centrales en réponse à une inflation – c’est à dire à une dilatation de la masse monétaire, autrement dit à un excès de recours à la planche à billet comme cela a été le cas depuis trop longtemps. La dilatation de la masse monétaire conduit à ce que chaque billet, dilué dans la masse perd de sa valeur. Il y a donc une perte de pouvoir d’achat, au point que le futur devient incertain et que les taux d’intérêts montent).
D’un point de vue contextuel,
cette hausse des taux signifie que certaines personnes, certaines entreprises, vont se retrouver dans l’impossibilité de rembourser leurs dettes ou à renouveler les emprunts arrivés à maturité. Des faillites en nombre sont à prévoir, si bien que le futur va devenir de plus en plus incertain. S’installe alors un cercle vicieux, ce futur incertain conduisant à monter encore plus les taux d’intérêt…
Du point de vue spirituel,
(c’est à dire du point de vue de ce qui, de la nature humaine, est non déterminé par le contexte, mais apprend à l’habiter) cette hausse des taux, plutôt que de conduire à redouter le futur, propose à chacun d’entre nous, de se tenir devant ce qui arrive.
En effet, tant que nous sommes contextuellement livrés à ce qui se passe, nous ne pouvons qu’espérer ou redouter quelque chose. À l’inverse, nous tenir devant ce qui arrive, c’est devenir actif à ne rien attendre de particulier. Cela n’empêche certes pas d’être prévoyant et de faire des réserves. Mais cela invite aussi à découvrir que, quelque soient les prévisions et les provisions que l’on fait, la vie nous surprendra quand même et qu’il est bon de se rendre disponible pour accueillir ce qui va advenir.
Et là, une chose très intéressante est à comprendre.
Il est très intéressant de comprendre que ce que l’on peut prévoir, c’est ce que l’on connaît déjà. C’est donc quelque chose du passé que l’on prolonge dans l’après aujourd’hui. Cette projection du passé dans l’après aujourd’hui, c’est ce que l’on appelle le futur. Le futur est ce qui peut être prévu. Tout ce qui peut être prévu appartient au futur (c’est à dire au passé) Le futur prolonge le passé. Certaines personnes voudraient tout prévoir. Elles font des réserves pour trois ans. Pourquoi pas… Ce qui va arriver, pour une part appartient au futur : on peut le prévoir.
Par exemple, on pouvait prévoir que la planche à billets, qui a tourné à fond pendant des années, préparait une inflation et donc une hausse des taux. C’était prévisible depuis au moins la crise des subprimes (ce sont ajouté à ça des problèmes d’énergie et de ressources qui n’ont fait qu’accélérer le mouvement).
Mais pour une autre part, ce qui va arriver va également prendre au dépourvu même les mieux préparés. Ils n’auront pas pensé à tel ou tel aspect. On ne peut pas tout prévoir…
Ainsi, une situation de crise remet en question le futur que l’on imagine.
Comme elle remet en question le futur, elle remet en question tout ce qui s’est mis en place dans le passé (le futur est ce que l’on peut prévoir : c’est le prolongement du passé). Une crise remet en question le contexte de notre vie.
Or, ce qui remet en question le passé, c’est l’avenir qui s’approche depuis l’autre côté.
L’avenir, à la différence du futur, ne prolonge pas le passé. Il vient depuis l’autre côté : il advient. Il suit une direction opposée à la flèche du temps. Il ne peut donc pas être prévu. Ce qui ne peut pas être prévu, c’est l’avenir.
Chaque crise est une porte par laquelle l’avenir s’approche ; une porte à travers laquelle advient quelque chose de nouveau, d’imprévisible. Quelque chose qui n’est déterminé par rien, puisque ne venant pas du passé.
Or, quelque chose de déterminé par rien ne peut être saisi que par ce qui en nous se place là où rien ne le détermine.
Si on reste déterminé par son stock alimentaire ou son portefeuille d’action, on est mal. Si on reste déterminé par son plan de prévoyance, idem. Il ne sera pas facile de traverser la crise.
Car selon les circonstances à venir, ce qui nous rassure pourrait être là, tout comme cela pourrait disparaître.
Comment s’ouvrir sereinement à ces possibilités ?
Je vous invite à identifier une chose où l’autre qui vous aide à envisager le futur sereinement.
Quelle que soit cette chose, un bien, une personne, une valeur, etc. prenez le temps de vous dire qu’elle est dans votre vie et voyez comme c’est bon qu’elle y soit.
Dans un deuxième temps, prenez le temps de vivre qu’elle n’est pas dans votre vie. Imaginez comment cela ferait si elle n’y était pas.
Ayant vécu ces deux expériences, restez un moment avec elles deux. Gardez les en mémoire, ensemble, comme les deux notes d’un intervalle.
L’attention que vous mettez à rester avec ces deux expériences en même temps, sans décider que l’une est bonne et que l’autre est mauvaise, s’appelle confiance. C’est une activité qui est ouverte à tous les possibles. Dans cet intervalle, la vie est comme elle est. Comme on n’a pas à décider de ce qui serait bon (espoir) ou mauvais (crainte) pour nous, elle se révèle pour elle-même, bonne quoi qu’il en soit.
Cet exercice, si vous souhaitez le faire, est expliqué sur le site demarchesaluto.com.
Vous pouvez le faire chaque jour, pendant plusieurs semaines. Des années, si vous le voulez…
Quand les taux d’intérêts grimpent et que les faillites se multiplient, quand l’essence, le gaz, l’électricité, mais aussi les légumes et le papier prennent l’ascenseur, ce qui en nous est appelé à se réveiller, ce n’est pas tant ce qui en nous est prévoyant, mais ce qui en nous est prêt à se lancer dans le grand bain avec confiance.
Bien à vous
Guillaume Lemonde
Vous aimerez aussi

LE MARCHAND DE PILULES

LES PEURS DE L’ÉDUCATEUR
