UNE CHOSE À FAIRE ABSOLUMENT QUAND VOTRE PROJET EST EMPÊCHÉ
- Posté par Guillaume Lemonde
- Catégories Exercices pratiques, Psychologie (Saluto Psychologie)
- Date 15 mai 2019
photo de Patrick d'Hueppe
UNE CHOSE À FAIRE ABSOLUMENT QUAND QUELQU’UN CONTRECARRE VOTRE PROJET.
Bonjour ! Aujourd’hui c’est à nouveau du vécu. Et c’est du sérieux ! Vous savez sans doute que je suis médecin, que j’ai un cabinet médical depuis 19 ans ici dans le canton de Vaud. Mais voilà que les caisses d’assurance maladie viennent de redéfinir unilatéralement les usages en matière de facturation. Les médecins généralistes ayant fait des études ailleurs qu’en Suisse (c’est mon cas) se voient déclassés au grade de médecins praticiens. Ce titre leur était déjà donné, mais il est à présent sanctionné par une perte significative de reconnaissance.
Le médecin praticien n’est plus qu’une espèce d’orienteur n’ayant pas le droit d’examiner un patient ou de délivrer des conseils nutritionnels. Bref, c’est pour vous planter le décor. Vous imaginez bien que ces réformes, assorties de toutes sortes de joyeusetés administratives et de ponctions financières astronomiques qu’il est inutile de détailler ici, remuent beaucoup d’émotions parmi les collègues.
Nous avions des cabinets médicaux qui fonctionnaient. C’était au prix d’efforts soutenus pour répondre aux exigences des caisses. Nous voilà à présent dans une difficulté remettant radicalement en question l’existence de ces cabinets.
Que fait-on dans un cas comme celui-ci ? Très naturellement, on s’effraie et on se fâche. Pour le moins intérieurement quand on est quelqu’un d’assez réservé comme je le suis. L’énervement, la colère, la révolte, les protestations sur la voie publique, la contre-attaque judiciaire… Vous avez ici toute une panoplie de possibilités. Quand quelqu’un contrecarre vos plans, ou empêche votre projet, il y a conflit. Et il y a peur de perdre la partie. Quand un adversaire se présente, il est naturel de chercher des moyens de se protéger et de l’empêcher de nuire. Au besoin, on s’aide d’un syndicat, d’un avocat ou de procédés encore plus musclés si nécessaires.
Ce qui est sur, c’est que l’adversaire provoque une réponse de la part de celui à qui il s’en prend. C’est quasi mécanique. Il y a quelques semaines, je pouvais très bien le remarquer : mes actes ne faisaient que répondre à la situation. Par exemple, dans un premier temps, je me suis senti contraint et forcé d’appeler un avocat pour me défendre. Je ne pouvais pas faire autrement. J’avais peur de ce qui aurait pu se passer si j’avais renoncé à engager une procédure de justice. C’était la faillite assurée.
Pourtant, comment sortir d’une situation compliquée si on ne fait que réagir à ce qu’elle semble exiger de nous comme réponse ? Comment espérer ne plus se sentir contraint par une épreuve, si les actes que l’on pose pour essayer d’en sortir, sont contraints par elle ?
Vous voyiez le paradoxe ? Je voulais être libre des contraintes liées aux exigences que les caisses d’assurance maladie ont vis-à-vis des médecins praticiens et en même temps, pour essayer d’être libre, je ne faisais que réagir à leurs exigences.
Et si je renonçais à réagir, je rencontrais aussitôt la peur de la faillite.
Quand j’ai remarqué ça, il y a eu un éveil… Il est devenu évident que ce qui me contraignait, ce n’était pas les caisses d’assurance maladie, mais ma peur.
J’ai donc décidé de procéder autrement.
Plutôt que de lutter contre les caisses, j’ai commencé par regarder ma peur en face. Il a fallu le décider. Si ma peur me contraignait, ne pas la suivre ne pouvait que résulter d’un choix.
Cependant, ne pas suivre la logique de la peur ne se décrète pas ! On ne s’en sort pas en affirmant avec conviction « Même pas peur ! Tout va bien ! »
Il me manquait une ressource intérieure, quelque chose me permettant de traverser cette peur. Et peut-être même que c’est en la traversant que j’allais découvrir cette ressource. C’est ce que je me disais. Mais où porter le regard pour trouver le bon chemin ?
La démarche Saluto
La démarche Saluto qui m’occupe depuis plus de dix ans, (Je vous invite à visiter le site pour en apprendre plus) donne des indications précieuses à ce sujet. Elle m’a aidé à rapidement retrouver un équilibre. Alors j’aimerais vous en faire profiter.
Quand un adversaire contrecarre vos plans, quand quelqu’un empêche la réalisation de votre objectif, comme pour moi les caisses d’assurance vis-à-vis de mon cabinet, c’est que l’objectif initial n’est plus investi correctement. On s’est identifié à lui. On en a fait une affaire personnelle. Si ce n’était pas le cas, les adversaires nous laisseraient tranquille. Ils ne nous inquiéteraient pas. Mais s’ils nous contraignent et nous inquiètent, c’est que nous sommes nous-mêmes en danger. Notre objectif est devenu une partie de nous-mêmes et plutôt que d’être à son service, c’est lui qui est à présent au nôtre.
Quand on a créé une entreprise, un cabinet, c’est normal de considérer, après toute une phase de mise en place, que notre entreprise ou notre cabinet sont à notre service. C’est normal, mais c’est fatal. Car alors l’objectif devient quelque chose de concret et on ne le laisse plus advenir. On ne le laisse plus se transformer. Juste grandir peut-être, mais pas être remis en question dans sa forme, son lieu et sa durée. On pourrait dire que l’objectif initial s’est éteint dans une forme figée.
Or l’objectif, c’est le QUOI de notre action. C’est ce qu’on laisse advenir à mesure des pas que l’on fait vers lui. Ce n’est ni le QUAND, ni le COMMENT, ni le OÙ. C’est juste le QUOI. Mais lorsqu’un jour, le QUAND, le COMMENT et le OÙ deviennent concrets, on n’a plus rien à faire advenir et on oublie facilement l’objectif initial.
Pour ma part, cette épreuve m’a permis de me souvenir que ce que je veux vraiment, (le QUOI), c’est rencontrer des gens et les aider sur leur chemin. Les aider à s’éveiller à l’essentiel. C’est ça qui m’anime. Ce n’est pas d’entretenir un cabinet médical, ni de remplir des formulaires d’assurance. Je veux être au service des gens qui viennent me voir avec des questions au sujet de la façon de progresser dans la vie. Je veux être au service de cet objectif-là.
Les caisses d’assurance maladie ne peuvent empêcher que les moyens actuels que j’ai pour le faire (le COMMENT). Elles peuvent empêcher que mon cabinet existe encore plusieurs années sous sa forme actuelle (le QUAND). Elles peuvent donc remettre en question qu’il subsiste là où il se trouve (le OÙ).
Le QUOI, quant à lui, est dynamique. Je l’avais perdu de vue, mais je peux le rendre présent à chaque pas que je vais désormais poser. Il est déjà en train de se concrétiser à travers les rencontres que je fais. Les formations de Saluto et de Salutogénéalogie s’étoffent. Les demandes de stage sont de plus en plus nombreuses. Le blog qui permettra de faire connaître cette démarche, prend forme lui aussi.
À chaque instant, j’ai à garder en conscience ce que je veux et ne pas oublier que cet objectif est présent et que c’est sa réalisation qui se poursuit en ce moment. Il s’approche de moi, plus que je ne vais à lui.
Les adversaires, en se dressant sur notre chemin, nous disent finalement : Tu n’es pas présent à ce que tu veux vraiment. Tu as fait de l’objectif auquel tu t’étais donné, une affaire personnelle. Remets toi au service de quelque chose de plus grand que tes seuls intérêts. Remets toi en mouvement.
Et alors, en avançant ainsi de pas en pas, la peur disparaît. La peur vient lorsque l’on regarde trop loin, les conséquences d’un événement contrariant. Elle vient quand on se projette dans un futur supposé. En se recentrant sur ce qui est important pour nous maintenant, elle s’évanouit.
Je ne peux que vous inviter à redéfinir le QUOI de vos motivations et à laisser le reste advenir au grès des rencontres. Ce qui, dans nos projet, ne va pas comme on voudrait, n’est là que pour nous informer que nous avions oublier ce point essentiel.
Dites moi ce que vous en pensez. Je lirai volontiers les commentaires que vous me laisserez.
Bien à vous
Guillaume Lemonde
***
La démarche Saluto donne les moyens de percevoir l’origine des épreuves que nous traversons, non pas dans des causes passées à résoudre, mais dans des aptitudes encore à venir.
Tag:adversaire, courage, peur, projet, Saluto-fondamentaux
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10 Commentaires
“Pour ma part, cette épreuve m’a permis de me souvenir que ce que je veux vraiment, (le QUOI), c’est rencontrer des gens et les aider sur leur chemin. Les aider à s’éveiller à l’essentiel. C’est ça qui m’anime. Ce n’est pas d’entretenir un cabinet médical, ni de remplir des formulaires d’assurance. Je veux être au service des gens qui viennent me voir avec des questions au sujet de la façon de progresser dans la vie. Je veux être au service de cet objectif-là.” – C`est magnifique! Un très beau exemple de l`éveil a l`essentiel. Merci beaucoup. Dans le monde d`aujourd’hui, qui devient de plus en plus technocratique il sera primordial de se saisir soi-même intérieurement comme Tu le démontres et rester au clair par rapport a ce qui nous anime dans notre biographie le plus. Autrement on reste un jouet dans les mains du monde extérieur et on se perd Merci pour ce partage. Il me parle beaucoup. Le courage est contagieux alors je croise les doigts pour que Ton message atteigne le plus grand nombre de personnes possible. J`aime beaucoup travailler avec Tes livres et ce blog est un grand cadeau pour nous tous. A
Bonjour et merci pour ce texte et ce partage éloquent.
Dans mon cas, il me permet de bien faire la distinction entre le QUAND, le COMMENT, le QUOI, le OÙ et le AVEC QUI de mon projet. Cela est très important, car il me semble que nous mélangeons souvent tous ces aspects au point de ne plus y voir clair. Très souvent, nous confondons le QUOI avec le COMMENT, oubliant l’objectif au profit des moyens mis en œuvre pour l’atteindre. Souvent nous ne résistons pas aux injonctions brulantes du QUAND et nous agissons trop vite, avant d’avoir défini le QUOI. Le AVEC QUI peut, pour des raisons morales, loyales ou autres, nous écarter du QUOI et de ce qu’il comporte de tout à fait intime et individuel. Il est alors très important, comme vous le dites, de revenir au QUOI de notre projet.
Mais alors, lorsque nous avons mis de côté le COMMENT, le QUAND, le OÙ, le AVEC QUI, pour regarder bien en face le QUOI et que l’on ressent alors le vertige de la page blanche, comment fait-on pour faire surgir le QUOI ? D’où vient-il ? Naissons-nous avec un QUOI qui donnera une trajectoire à notre existence ? Ou décidons-nous simplement ce que sera ce QUOI ? Comment savoir que nous avons touché le QUOI de notre existence, afin de pouvoir enfin mettre en place le COMMENT, le QUAND, le OÙ et le AVEC QUI, qui permettront au QUOI de s’exprimer ?
Bien à vous !
Questionnement partagé^^ merci de ta question…
(et comment accompagner quelqu’un dans cette recherche du “quoi”?
quel(s) chemin(s) éducatif(s) possible(s)?)
Bonjour, merci pour les commentaires. Voici déjà un élément de réponse:
https://demarchesaluto.com/comment-savoir-quel-est-le-bon-projet/
Pour ce qui est d’aider quelqu’un dans la recherche du quoi, et des chemins éducatifs possibles, un article viendra.
Bonjour Monsieur Lemonde,
c’est un plaisir et une chance de vous retrouver sur ce blog^^… merci.
Cette réflexion autour des “obstacles” raisonne pour moi avec celle qui m’occupe actuellement concernant “l’autorité”. Personnellement j’ai assurément quelque chose à apaiser de ce côté là et je m’y exerce à travers les pistes que vous donnez (j’aime pas la notion de “pouvoir”, j’aime pas les pyramide, j’aime pas sentir quelqu’un “au dessus”, j’aime pas sentir quelqu’un au dessous, … je préfère les cercles… ah^^ c’est pas gagné donc ^^ mais ça chemine^^)… rationnellement il me reste des questions : en tant que mère de deux enfants je suis confrontée à cette question “autorité parental” oblige… en tant que stagiaire et voisine d’une institution accueillant des personnes en situation de handicap j’y suis confrontée aussi… concrètement la question pourrait être “comment s’assurer que ce rapport soit juste, comment éviter les “abus de pouvoir””? et pour la réflexion je serais curieuse de savoir si Steiner a écrit quelque chose sur cette question, s’il a donné des conseils à destination des éducateurs, des thérapeutes …? avez-vous lu/entendu quelque chose à ce sujet?
Merci de tout cœur pour toutes vos nourrissantes réflexions…
Il me semble aussi que ce que vous proposez répond à une réelle attente, et que l’eau qui veut couler se trouve toujours un chemin ^^ …
Alors merci pour votre persévérance…
Bien cordialement.
Bonsoir, merci beaucoup pour ce commentaire. Encourageant 🙂
Ce que j’aime dans cet exemple, c’est que lorsque l’on emploie le mot projet il me vient à l’esprit qu’il s’agit d’un objectif nouveau, vers lequel on voudrait cheminer. Or là il est question d’un évènement extérieur qui se présente, et plutôt que de se laisser aveugler par l’évènement, une lecture objective de la situation guidée par la saluto a permis d’en faire quelque chose, de prendre ses responsabilités en l’occurrence redéfinir le projet.
Cet exemple rend encore plus parlant pour moi le comment, le quand, le où, et le avec qui.
Encore merci pour tous ces angles de vue très évocateurs, et que ce projet rencontre la réussite dont l’humanité à tant besoin.
Merci pour cette article que je trouve particulièrement pertinent. En le lisant, je n’ai pas pu m’empêcher de faire le parallèle avec la situation que je vis en ce moment. En me mariant avec une personne, j’ai construit au fur et à mesure un projet de vie en prenant soin d’établir des “quand, comment et où”. Mais le “quoi” du début s’est peu à peu perdu dans les autres questionnements. J’ai en effet perdu de vue la raison fondamentale de ce mariage “le quoi”. Lorsque le divorce est arrivée, il n’y avait que le” quoi” qui subsistait parce que tout les autres questionnements s’étaient envolés car superficielles. On peut se poser la question, mais qu’est-ce donc le “quoi” du mariage. Pour moi, c’était la capacité à aimer, à donner sans attendre un retour. Le divorce était censé également mettre au terme à ce “quoi”. Avec votre article j’ai compris que ce “quoi” ne mourrait jamais dans la mesure ou vouloir aimer et donner sans retour pouvait exister en dehors du mariage, qu’ils n’étaient pas liés à une personne, qu’ils n’étaient pas liés à un cadre (le mariage). Au final, cela fait du bien de ne pas s’attacher aux “quand, comment et cetera” car ils ne sont jamais le but ultime d’un projet, mais simplement des outils afin de permettre au “quoi” d’exister. Ce dernier (le quoi) doit être chevillé à l’âme, car c’est de la que provient notre essence.
A Catherine.
Des questions surgissent souvent à propos de l’apparition d’une réponse au “QUOI”:
Est-ce que j’obtiendrai une réponse ?
Quand la recevrai-je ?
D’où viendra-t-elle ?
Comment se formera-t-elle ?
Qui me la donnera ?
Toutes ces interrogations peuvent déstabiliser la personne qui se les pose.
J’aimerais partager avec vous ma conviction profonde :
Pour moi, c’est Celui qui m’aime qui me donnera la ou les réponses. Je peux, par conséquent la /les attendre avec confiance.