IN THE SUMMERTIME
«IN THE SUMMERTIME»
Un 45 tours avait incontestablement ma préférence. C’était « IN THE SUMMERTIME » des Mungo Jerry. Je l’écoutais sur le petit électrophone rouge reçu en cadeau deux ans plus tôt.
La musique enjouée avait un rythme ensorceleur. La chanson, brève, se terminait après deux minutes sur le vrombissement d’une moto. Mais après une courte pause, elle reprenait depuis le début à ma plus grande satisfaction. Cependant, parfois, avant qu’elle ne reprenne, je levais le bras de l’électrophone, juste pour voir comment ça faisait d’interrompre ce que j’aurais aimé poursuivre. Je n’avais pas eu cette idée tout seul. Ma mère avait raconté l’avoir fait lorsqu’elle était adolescente. Elle coupait la radio au meilleur moment, juste pour voir… On voudrait écouter jusqu’à la fin, ou au moins jusqu’au bout du couplet, mais on renonce. Et ce n’est pas facile. C’est tout aussi difficile que de renoncer à suivre le fil d’une pensée qui s’impose. Il y a un sacrifice à faire et cela crée un vide. Mais ce vide est plein de la décision de renoncer à poursuivre la mélodie dans la tête. Il est plein d’une présence attentive. En levant le bras du tourne-disque, on découvre une incomparable fermeté intérieure.
Guillaume Lemonde