LE CERCLE VICIEUX DU POLITIQUEMENT CORRECT
LE « POLITIQUEMENT CORRECT »
Le politiquement correct, ou rectitude politique (Québec), désigne la façon que nous avons de modifier certaines formulations pouvant heurter certaines catégories de personnes. Les mots ou les expressions considérés comme offensants ou péjoratifs sont remplacés par d’autres. On ne dira plus « une personne handicapée », mais « une personne en situation de handicap ». On ne dira plus « une tête de nègre » (pâtisserie), mais « une tête au chocolat ». « Un indien » sera remplacé par « une personne issue des premières nations », etc. Bref, tout cela semble partir d’un bon sentiment. Mais, comme nous allons le voir, ce bon sentiment appartient à une boucle psychique nous enfermant dans un cercle vicieux au vertus antisociales.
Ce cercle vicieux fait intervenir la nature même de notre psychisme qui est tendu entre :
- d’un côté, notre faculté de jugement (appuyée sur des valeurs de référence), conduisant aux représentations que nous nous faisons du monde et,
- de l’autre côté, nos désirs d’où découlent nos sympathies et nos antipathies.
Comme il s’agit d’un cercle vicieux, on y entre par n’importe quel endroit.
Par exemple à partir des sentiments (sympathies et antipathies) :
- on se met à la place de quelqu’un.
- À partir de là, on s’identifie à ce vécu que l’on rapporte donc à soi et on le juge comme étant mauvais ou bon, malsain ou sain, enviable ou non ;
- ceci nous conduit à nous faire une représentation toute personnelle de ce que doit vivre cette personne.
- Ce qui oriente notre perception de cette situation.
- Cette perception orientée par nos représentation va nous procurer certains sentiments (sympathies et antipathies)
- qui vont renforcer le jugement (le référentiel) que l’on portait sur la situation.
On peut entrer dans ce cercle vicieux à partir du référentiel lui-même, c’est à dire par exemple d’une idéologie.
- Ce référentiel déterminera les liens que nous ferons et donc la façon dont nous nous représenterons la situation que nous rencontrons.
- La façon dont nous nous représentons la situation que nous rencontrons déterminera quant à elle la façon dont nous la percevrons.
- Cette perception nous plaira plus moins (il est important de remarquer qu’à chaque fois que nous percevons quelque chose ou quelqu’un, certains sentiments, même ténus, accompagnent cette perception).
- Et c’est ce sentiment, vécu comme plus ou moins positif, qui en s’appuyant sur notre référentiel de départ, nous conduira à en vérifier la validité.
Ce cercle infernal se trouve à l’origine de ce que l’on appelle un « bais de confirmation ». Celui-ci nous conduit à vérifier à chaque instant ce que l’on porte de jugement. Il nous éloigne de la situation que l’on rencontre. Il se met en travers de la rencontre.
La plupart du temps nous restons absolument non conscients de ce mécanisme psychique. Nous ne remarquons pas que lorsque quelqu’un raconte son histoire, il rencontre en nous le filtre de ce que nous pouvons en percevoir en fonction des liens que nous serons amenés à faire avec ce que nous savons. Nous ne remarquons pas que ces liens sont eux-mêmes fonction des valeurs de référence qui sont les nôtres et que elles-mêmes sont fonction des sympathies et des antipathies que nous éprouvons pour ces valeurs ; elles-mêmes réveillées par ce que nous pouvons percevoir.
Ce cercle vicieux est tellement bien rôdé qu’il se fait tout seul à tout moment et forme une caisse de résonance amplifiant les théories les plus folles, pour peu qu’on ne soit pas présent à ce qui se passe en nous. Le référentiel induisant une façon de penser, qui elle même nous conduit à percevoir l’autre en fonction de ce filtre, nous conduit finalement à éprouver pour l’autre des sentiments qui sont fonctions du référentiel choisi.
Ce n’est pas l’autre que l’on rencontre, mais notre psychisme que l’on projette sur lui.
C’est pourquoi cette boucle infernale est un facteur antisocial. Chacun est enfermé dans son psychisme devenant une caisse de résonance assourdissante où l’autre en tant qu’autre n’a pas de place.
POUR ALLER PLUS LOIN : le principe antisocial du combat pour les minorités
Ce phénomène est par exemple manifeste dans ce qui se vit à travers la théorie du genre. Malheur à ceux qui remettent en cause cette théorie. Ils vont enclencher chez les personnes enfermées dans ce cercle vicieux, une boucle interdisant tout échange et se verront qualifiés de « – phobe » puisque ne portant pas le même référentiel.
Même chose au sujet de la pratique vaccinale. Les gens ne se rencontrent plus. Ils ne se comprennent plus. Ils s’opposent en fonction de leur référentiel pour ou contre le vaccin.
En fait, c’est bien simple, tout ce qui, dans notre langage, est politiquement correct, provient de cette même boucle psychique. En voulant changer le langage pour changer les représentations que chacun a du monde (prétendument pour protéger les susceptibilités de chacun), on est en fait en train de se protéger soi-même de sentiments que l’on projette sur les autres en fonctions des croyances que l’on porte… On suit exactement le cercle vicieux dont il est question ici.
COMMENT SORT-ON DE LÀ ?
En tout cas pas à l’aide de quelque activité psychique, puisque le psychisme est justement ce qui met en place cette boucle ! Il ne s’agira donc pas de changer le vocabulaire ou les habitudes pour que changent les représentations que l’on a (ça, c’est justement le cheval de bataille des personnes qui sont prises dans de telles boucles)… Il ne s’agira pas de changer l’orthographe ou l’affectation des toilettes. Toutes ces mesures apparemment progressistes sont un piège !
Mais en tant que piège, elles sont également l’opportunité de découvrir quelque chose de nouveau, de complètement nouveau. En effet, quand on tombe dans un piège, c’est en dehors du piège que l’on trouve un appui ! On s’ouvre à ce qui est en dehors du piège. Ici, on peut s’ouvrir à ce qui, au cœur du psychisme, n’est pas d’origine psychique et peut offrir un point d’appui. Cette chose-là, c’est notre propre présence, notre présence à partir de laquelle nous pouvons rencontrer chaque étape de ce cercle vicieux : les perceptions, les sentiments, les valeurs de référence et la façon que nous avons de faire des liens.
- Être présent aux perceptions, c’est ne pas focaliser sur certaines en laissant le reste de côté. Comment être attentif à tout ce qui nous entoure sans focaliser sur certaines perceptions en fonction des liens que l’on aura fait ? Ce talent, c’est ce que l’on peut appeler la profondeur intérieure.
Une vidéo expose comment on peut l’exercer.
- Être présent aux sentiments, c’est ne pas suivre ceux qui nous plaisent en repoussant les autres. Ce talent, c’est ce que l’on peut appeler la stabilité intérieure.
Une vidéo expose comment on peut l’exercer.
- Être présent aux valeurs qui forment nos critères de jugement, c’est pouvoir accepter que ces valeurs puissent être remises en cause. Les laisser mourir tout en les laissant bien vivantes. Les deux en même temps ; et découvrir dans l’intervalle la troisième ressource : l’engagement que l’on peut avoir non pour défendre ces valeurs mais pour l’autre. Le courage d’avancer pas à pas vers l’autre que soi.
Une vidéo expose comment on peut l’exercer.
- Être présent aux liens que l’on fait, c’est s’ouvrir à la possibilité d’autres liens. S’ouvrir à d’autres possibilités. S’ouvrir à l’inconnu. Ce talent, c’est ce qu’il est possible d’appeler la confiance, une ouverture à tous les possibles, au point que la vie n’est pas jugée à travers des références personnelles, mais est vécue comme bonne quoi qu’il en soit.
Une vidéo expose comment on peut l’exercer.
En vous souhaitant de pouvoir suivre ces 4 exercices exposés dans ces 4 petites vidéos, je vous laisse pour aujourd’hui.
Bien à vous
Guillaume Lemonde