NOTRE VIE N’EST-ELLE QU’UNE SUCCESSION D’ÉVÉNEMENTS ?
- Posté par Guillaume Lemonde
- Catégories Articles, Biographie et Histoire, Démarche Saluto, Relation thérapeutique
- Date 5 avril 2024
Notre vie n’est-elle qu’une succession d’événements s’enchaînant au gré des circonstances ? N’est-elle qu’une hasardeuse aventure sans queue ni tête, dans laquelle nous essayons de tirer notre épingle du jeu ? N’avons-nous pas, malgré les mille questions que certains passages nous laissent, malgré les traversées douloureuses et les détours compliqués, l’évidente impression qu’elle forme quand même un tout, qu’elle doit avoir une espèce de logique à elle, une ligne directrice ? Serait-ce possible qu’elle soit organisée par un motif intime ? Mais alors, si tel est le cas, qui en est l’auteur ? Si notre vie est plus qu’une somme d’événements, si elle est un tout, une trame sur laquelle se déposent ces événements de prime abord sans lien, il faut bien qu’une sagesse lui préside ! Qui est le tisserand de cette trame ? Qui est cet auteur qui a fait de nous son personnage principal ? Où est-il ?
Aussi vrai qu’un sonnet s’écrit depuis la fin, puisque c’est à la fin que la forme est complète et que l’on doit la tenir en conscience dès le début du poème, l’auteur de notre vie nous regarde probablement depuis la fin de notre existence. Il se penche sans doute sur nous qui sommes le héros de son histoire, depuis la conclusion. Il nous tend des perches. Il nous regarde avancer à tâtons dans l’existence et nous guide à travers des circonstances parfois douloureuses sur le moment. Mais après coup, après avoir traversé ces circonstances, ces deuils, ces séparations, ces pertes, nous réalisons que les circonstances étaient justes ; car après coup, nous sommes disponibles pour regarder notre vie depuis un certain terme. Nous la regardons depuis le même point de vue que l’auteur de notre histoire qui, lui, se tient à la grande fin de tout.
Alors si notre vie demeure à nos yeux absurde, c’est probablement que nous ne parvenons pas à nous retourner sur elle. Nous n’en comprenons pas l’essence car nous ne connaissons pas la fin. Certes, nous pensons à ce qui s’est passé, mais sans nous retourner. Nous tournons nos pensées sur notre existence sans nous retourner nous-même. Nous la regardons à travers le filtre des espoirs que nous continuons de projeter plus loin et à travers les déceptions qui nous retiennent en arrière, mais non à travers l’instant où nous sommes arrivés.
Il est facile d’oublier ce que notre vie à de sage. Il suffit d’oublier de nous retourner, de suivre le fil de la vie et de projeter toujours plus loin des espoirs en oubliant la fin qui s’approche ; en oubliant l’auteur qui à la fin se tient. Il suffit d’avoir peur de ce qui pourrait arriver, peur de ce qui pourrait remettre en cause tout ce que nous connaissons, ou peur que rien des difficultés que nous rencontrons ne puisse jamais changer. Car si notre vie s’écrit depuis la fin, elle ne peut s’écrire qu’à partir de ce qui sans arrêt remet en cause ce que nous connaissons déjà.
D’ailleurs, si tout se déroulait comme prévu depuis le début, il n’y aurait pas d’histoire. Nous ne serions le héros de rien du tout. En ces moments-là, nous perdrions le sens de notre existence.
La vie toujours remet en cause ce qui tend à ne pas vouloir changer. Même si cela ne nous plaît pas et nous conduit à nous dire que la vie n’a pas de sens, c’est en ces moments-là que nous sommes au plus près de le trouver. En nous présentant des moments que nous ne souhaitions pas, l’auteur qui se tient à la fin, nous propose de nous ouvrir à cet imprévu. Il nous propose d’improviser. Il nous en donne l’opportunité. Et plus nous sommes ouvert à l’imprévu, prêt à remettre en cause nos croyances, plus nous sommes proche de ce qui depuis la fin de notre existence donne la direction.
En ces moments, ouvert à tous les possibles, nous sommes unis à ce qui depuis la fin nous guide. Nous nous tenons auprès de l’auteur qui se penche vers nous, le héros de l’histoire. Nous découvrons même, que nous sommes l’auteur de notre histoire. C’est nous qui nous tenons à la fin de tout.
Alors nous pouvons nous retourner sur notre vie et la contempler comme un tout cohérent. Nous pouvons éprouver, quelles qu’aient pu être les épreuves que nous avons traversées, de la gratitude. Nous sommes libre de jouer avec la vie, libre d’écrire avec ce qui se présente, le scénario qui nous correspond.
Bien à vous
Guillaume Lemonde
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Bonne lecture !
Médecin, chercheur, développe et enseigne la démarche Saluto dans ses différents champs d'application. Après des études de médecine à Lyon, il découvre la pédagogie curative et la sociothérapie, alliant la pédagogie et la santé. Pour lui, la question de toujours est d’offrir l’espace et les moyens permettant à chacun de devenir acteur de sa vie. Il ouvre un cabinet en Allemagne où il poursuit ses recherches dans le cadre de l’éducation spécialisée, puis en Suisse.
À partir de l’étude des grands chapitres de la pathologie humaine, il met en évidence quatre étapes de la présence à soi et au monde (1995) et découvre et développe à partir de cette recherche la Salutogénéalogie (2007) et la démarche Saluto (2014).
Il donne des conférences et des séminaires de formation pour enseigner cette démarche.
Il est auteur de publications faisant état de ses travaux.