BURN-OUT
BURN-OUT
Soit une belle école et sa pédagogie originale. Mettons que vous travailliez dans cette belle école. Les pédagogues y sont investis, motivés. Ils aiment leur métier. Cerise sur le gâteau, le cadre de travail est magnifique. Tout pour plaire, tout pour bien faire. Et pourtant vous éprouvez de la frustration, de la fatigue, de l’épuisement, un sentiment de vide intérieur. Cela se ressent peut-être comme une sorte d’abattement, une perte de confiance en soi. Vous avez l’impression d’être devenu incompétent, inutile. Vous êtes démotivé.
Voyez-vous le tableau ? Il y a de l’irritabilité, une hypersensibilité aux petites remarques. Vous éclatez en sanglots sans raison apparente, ne parvenez plus à vous concentrer. La mémoire est défaillante. Les réunions vous fatiguent. Vous avez envie de rester seul. La fatigue est constante, aggravée par des troubles du sommeil.
Que se passe-t-il ?
Vous êtes probablement en train de souffrir d’un épuisement professionnel, nommé également « burn-out ».
Burn out : le feu s’éteint.
Je vais aborder ce sujet d’une façon probablement déroutante pour ceux qui n’ont pas suivi la formation Saluto. Comme il ne m’est pas possible de résumer en un article les 56 heures nécessaires pour un apprentissage de base, il me faudra faire quelques raccourcis que vous voudrez bien pardonner.
Pour commencer, où se trouve les causes de quelque problème que ce soit ?
- Nous pouvons les chercher dans le passé
(c’est ce qu’attend la logique).
Nous verrons dans ce cas précis, qu’il y a eu une surcharge de travail, un manque d’autonomie, des responsabilités mal définies, etc. Ces causes sont listées et connues. Les causes que l’on trouve dans le passé, sont par nature contextuelles. Elles ne dépendent pas de l’être qui rencontre le problème. En effet, comme il y a toujours des causes en amont de celles que l’on a identifier, on peut remonter assez loin cet enchaînement causal, et atteindre des moments antérieurs de toute possibilité d’action du principal intéressé.
Que l’on identifie des dysfonctionnements de l’entreprise dans laquelle cette personne est employée, ou une fragilité émotionnelle de cette personne trouvant sa cause dans la petite enfance ou dans un trouble biologique, ou dans une tension transgénérationnelle,.. Le principal intéressé subit le passé. Le passé forme le décor dans lequel nous nous trouvons. Le décor extérieur et le décor intérieur (notre monde représentatif, nos valeurs, notre capacité perceptive, nos sentiments sont donnée par un long cheminement dans la vie.
Mais si ce décor c’est mis en place, comme au théâtre, c’est parce qu’un acteur va venir y jouer. Celui qui est concerné par ce décor est celui qui est appelé à jouer son rôle dans ce décor.
En fait, nous subissons le décor tant que nous n’avons pas commencé à jouer notre rôle.
Dans le cas du burnout, comme dans toute autre maladie, il y a ce que l’on subit (ce dont on souffre) et qui s’explique depuis le passé. Et il y a la ressource que nous sommes appelés à découvrir, la ressource de l’acteur qui se lance dans ce décor pour jouer son rôle. L’acteur découvre le talent de ne pas subir son décor, mais de se lier à lui pour en tirer quelque chose de nouveau, d’original. Quand il a découvert son talent, il cesse de vouloir autrement qu’il n’est et se lance dans une improvisation. Il devient libre non parce qu’il a supprimé ce qui le dérange, mais parce qu’il a traversé le problème et en a fait l’opportunité d’une improvisation.
Ainsi, le talent à découvrir, la ressource fondamentale, est à venir. Le problème s’est installé pour révéler ce talent. Non que le problème permette de révéler le talent (ce ne sont pas les crises qui nous font mûrir…), mais que le talent a besoin de s’appuyer sur un problème pour se révéler (c’est parce que nous sommes en train de mûrir que nous traversons une crise).
- Les raisons du problème que nous rencontrons sont dans l’avenir.
Du point de vue, non plus du contexte, mais du principal intéressé, les raisons de la crise rencontrée sont dans l’avenir, un talent à découvrir…
Je vais évoquer ici deux talents essentiels parmi les 4 fondamentaux.
LE COURAGE
Le courage… Le courage n’est pas cette capacité de prendre sur soi encore et encore…
Le courage se vit au présent.
C’est le talent qui permet d’avancer pas à pas avec un projet bien défini. Tous les mots de cette caractérisation du courage sont importants.
Le projet est clair, défini et on avance avec lui pas à pas. Cela veut dire que l’on ne se projette pas dans un résultat, mais que le projet est complètement dans le pas que l’on fait maintenant. En pratique, cela signifie que l’on porte le projet entièrement. On n’est pas en train de faire sa part dans un projet plus vaste, mais l’entièreté de ce que l’on s’est donné de faire. Ce que l’on fait ne dépend pas de la bonne volonté des autres. On attend pas que les autres se réveillent enfin…
Ceci est essentiel. Car si l’on ne fait que sa part dans un projet plus vaste, on est forcément projeté vers un résultat espéré et qui ne dépend pas de nous mais du bon vouloir des autres… On va se mettre en conflit avec tous ceux qui ne vont pas dans le même sens et perdre beaucoup d’énergie à essayer de convaincre ou à se battre.
Les autres se joindrons peut-être au projet et dans certains cas ce sera même essentiel (allez construire une maison tout seul…), mais il ne faudra jamais oublier que celui qui porte le projet est le seul responsable et que tous les autres sont complètement responsables de ce qu’ils font. Il n’y a pas de responsabilité collective quand on évoque le courage. Chacun a une tâche bien définie et complète de la chose à faire.
Être au présent avec son projet, c’est être avec le QUOI de ce projet et non avec le COMMENT ÇA SERA, le AVEC QUI ÇA SERA, le OÙ ÇA SERA, le QUAND ÇA SERA… Juste le QUOI de la chose. Le reste va se révéler à mesure que l’on avance, pas à pas…
Quand on est en train de chercher ce courage, c’est que l’on est projeté sur le résultat. Projeté vers le résultat on va rencontrer, entre soi et le résultat, des obstacles. Quand on n’est pas projeté, le projet est avec soi au présent. On avance et les possibles obstacles ne sont que des opportunités de penser au prochain pas qui se propose.
Quand on est en train de chercher ce courage, on a besoin d’être encouragé, car les obstacles sont nombreux. Ne serait-ce que l’obstacle intérieur de notre manque de confiance, face à une tâche qui semble trop grande (parce que l’on s’est projeté dans un résultat).
L’encouragement vient des autres, du collectif, des amis, du conjoint, des collègues. « Je crois en toi », « Je t’apporte mon aide »… C’est comme un bon souffle attisant la flamme de notre confiance. Ce langage imagé est néanmoins exact. Que vienne à s’étioler le réseau social, partir le conjoint, se détourner de nous les collègues, et le feu qui a besoin d’être attisé, s’éteint.
Quand on est appelé à avancer avec ce que l’on s’est donné de faire et qu’on cherche encore ce courage de rester bien au présent sans se projeter, on fait l’expérience que les encouragements qui manquent nous affaiblissent. On a besoin d’être remercié pour ce que l’on fait.
Pire encore lorsque ce que l’on doit faire nous est imposé et que ce n’est pas notre projet ! Le manque d’autonomie dans le cadre de projets dont on ne cerne pas l’entièreté et qui ne sont pas ceux que l’on s’est donné, est le meilleur moyen de voir d’éteindre le feu que l’on porte en soi.
EXERCER LE COURAGE est essentiel lorsque l’on vit un burnout.
C’est par le courage que l’on pourra décider du prochain pas, qui est peut-être celui de partir de ce lieu qui ne convient pas sur le chemin de notre projet. C’est par le courage que l’on pourra préciser le projet qui est le nôtre. Pourquoi suis-.je ici ? Que voulais-je y faire ? Qu’est-ce qui est important pour moi ?
Comment exercer le courage ? Cela demanderait un conseil individuel, mais dans les grandes lignes, une indication est dans les vidéos que vous trouverez en suivant ce lien.
LA CONFIANCE
La confiance n’est pas l’espoir rassurant que ça ira mieux plus tard !
La confiance se vit au présent.
Elle est le talent qui permet d’accueillir tous les possibles comme ils se présentent. C’est une ouverture à la vie et à tout ce qu’elle propose. Ce n’est pas du tout une passivité quant à la vie. C’est une activité qui est apte à n’attendre rien de précis. L’espoir est une passivité qui attend quelque chose de précis (quelque chose de précisément bon). Le fatalisme est une passivité qui attend quelque chose de précis (quelque chose de précisément mauvais). La confiance n’attend rien. Elle est ouverte à ce qui est sans classer ce qui arrive en bon ou mauvais. Quand on est confiant, la vie est bonne par essence. Au milieu du tumulte, la vie est bonne, même si ce qui arrive ne me fait pas plaisir.
Quand on est appelé à rendre la confiance présente, on ne vit pas que la vie est bonne inconditionnellement. On vit qu’elle n’a pas de sens, pas de valeur si on n’y apporte rien. On a besoin de quelque chose qui donne de l’espoir, quelque chose qui donne du sens, quelque chose qui donne de la valeur à ce qui sinon serait terne, fade. Quand on est appelé à chercher la confiance, on a peur de ce qui pourrait arriver. Peur que nos espoirs soient déçus. On oscille en espoir et fatalisme. On ne voit pas le soleil qui se lève dans la vie à tout instant. On a besoin d’un flambeau pour se rassurer dans l’obscurité.
Ce flambeau, ce feu, c’est la valeur que l’on met dans la vie qui semble ne pas en avoir. C’est quelque chose qui est au centre de notre vie et sans quoi notre vie n’aurait plus de sens. Dans le cadre du travail, ce flambeau peut être l’entreprise pour laquelle on travaille, l’école dans laquelle on œuvre. On donne tout pour ce flambeau car sans eux, la vie n’aurait plus de sens. Ce flambeau, ça peut être les valeurs que l’on pense incarner. L’employé modèle, perfectionniste, le garant de la mémoire du lieu, le responsable moral de l’équipe, etc.
On peut se consumer à ce rôle. Mais on peut également vivre le drame suivant : l’autorité morale du lieu (souvent, c’est un collaborateur ancien, si possible issu de l’équipe fondatrice) ne nous apprécie pas. Tout d’un coup, les collaborateurs qui pourraient nous encourager, nous soutenir (voir plus haut, au sujet du courage), se détournent de nous pour ne pas risquer à leur tour le bannissement. On se retrouve seul avec un feu qui s’éteint.
EXERCER LA CONFIANCE est essentiel lorsque l’on vit un burnout.
C’est par la confiance que l’on pourra envisager l’avenir paisiblement et par exemple décider de partir d’un lieu que l’on ne voulait pas lâcher jusque-là, de peur de perdre quelque chose d’essentiel…
Comment faire ? Cela demanderait un conseil individuel, mais dans les grandes lignes, une indication est dans les vidéos que vous trouverez en suivant ce lien.
Bien à vous
Guillaume Lemonde