C.G. JUNG : LE SENTIMENT QUE LA VIE A UN SENS PLUS VASTE
“C’est le sentiment que la vie a un sens plus vaste que la simple existence individuelle qui permet à l’homme de s’élever au-dessus du mécanisme qui le réduit à gagner et à dépenser.”
Essai d’exploration de l’inconscient (1961) de Carl Gustav Jung
L’existence individuelle vue comme une suite d’événements s’enchaînant les uns aux autres, les uns déterminant les suivants, est une mécanique infernale où jamais rien de nouveau ne saurait apparaitre : en effet, si un moment de la vie est la conséquence d’autres moments qui lui sont antérieurs, il n’est que la prolongation de ces derniers ; la perpétuation modifiée de la même chose. Il n’y a alors aucun autre sens à ce qui arrive que l’implacable conséquence du passé qui ne mène nulle part.
C’est ainsi que l’on gagne puisque l’on a dépensé et que l’on dépense puisque l’a gagné, sans fin.
Le seul sens que l’on puisse trouver se niche alors dans l’analyse de l’un ou de l’autre, afin de mettre à jour les modalités de cet enchaînement.
Mais si l’on parvient à placer son attention sur gagner, d’un côté, et dépenser, de l’autre, tout en parvenant à ne pas lier les deux moments par une relation de cause à effet, on se trouve alors dans un entre-deux étrange ou le sentiment est soudain investi. En observant ces deux moments sans les rapprocher par un lien de causalité, on peut éprouver un recul intérieur. C’est comme se placer ailleurs que dans ce mécanisme évoqué par Jung et dans cet ailleurs, percevoir à travers l’intervalle qui s’ouvre entre les deux propositions, quelque chose de plus grand.
En effet, on s’aperçoit que l’on s’était jusque-là identifié à l’une ou l’autre proposition ou aux deux, alternativement. Gagner est peut-être vécu comme une puissance et dépenser comme un amoindrissement. En tenant les deux ensemble sans les relier dans un enchaînement de cause à effet, on ne le peut plus. On se trouve entre les deux, plus grand que ce que l’existence propose.
Essayez…
Guillaume Lemonde