EXISTE-T-IL UN MOT DÉSIGNANT LE TALENT D’AVANCER AVEC UN PROJET SANS SE PROJETER DANS LE RÉSULTAT ?
- Posté par Guillaume Lemonde
- Catégories Articles, Démarche Saluto, Présence et attention
- Date 8 novembre 2022
EXISTE-T-IL UN MOT DÉSIGNANT LE TALENT D’AVANCER AVEC UN PROJET
SANS SE PROJETER DANS LE RÉSULTAT ?
Existe-t-il un mot dans notre langue qui puisse désigner le talent d’avancer avec un projet sans se projeter dans le résultat ? Quand on se saisit d’un projet, on a tellement vite fait d’imaginer comment il pourrait être à son achèvement. On le rêve et c’est au premier obstacle que l’on se réveille. Ce que l’on imaginait semble soudain compromis.
Alors on se bat pour supprimer cet obstacle.
Et si l’obstacle est trop grand, on abandonne, on baisse les bras… On croit que l’obstacle est venu nous montrer que la chose projetée n’est pas possible. Mais ce qui est compromis en réalité, ce n’est pas le projet lui-même, c’est juste ce que l’on imaginait à son sujet. Ce sont nos projections, tout ce que l’on a placé de nous-même dans le projet que l’obstacle rencontré remet en question. Rien de plus…
Le projet existe en soi.
Il est quelque part dans l’avenir attendant que l’on déblaie le chemin pour qu’il puisse se concrétiser. Il attend que l’on déblaie le chemin, alors que trop souvent nous l’encombrons avec des idées qui n’appartiennent qu’à nous. Nous imaginons comment ce projet devrait être, où il devrait se concrétiser, avec qui il devrait être réalisé, quand il aurait à être achevé… Ces imaginations, ces désirs, ces souhaits n’appartiennent pas au projet. Ils nous appartiennent et encombrent le chemin.
J’ai connu une personne très dévouée qui voulait créer une école.
Elle avait trouvé le terrain idéal, selon elle. Mais ce terrain, elle n’arrivait pas à l’obtenir. Le maire s’opposait à ce qu’une école s’y implante. Cette personne a passé dix année à essayer de trouver un moyen d’obtenir ce terrain alors que son projet était de créer une école. Que cette école soit sur ce terrain n’était qu’un souhait de sa part et n’appartenait pas au projet. Il y avait évidemment un autre terrain quelque part pour cette école. Mais cela demandait à cette personne de sacrifier tout ce qu’elle avait projeté comme souhaits dans ce terrain.
Les obstacles sont là pour nous aider à nous dépouiller de nos projections.
Ils sont là pour nous faire réfléchir au prochain pas et non pour nous inviter à les combattre. Ce que nous avons à combattre ce ne sont pas les obstacles, ce sont les projections avec lesquels nous avons habillé notre projet.
Existe-t-il un mot pour nommer ce talent-là ?
Celui d’avancer avec un projet sans se projeter. Le projet est tout entier dans le pas que l’on fait. À chaque pas, le chemin par lequel il s’approche se précise. C’est lui qui sait où et quand il se manifestera. C’est lui qui sait avec qui et comment il viendra au monde. À nous incombe la responsabilité de lui rester fidèle à chaque pas, de l’aimer ; c’est à dire de ne rien attendre de lui, aucun bénéfice. Nous œuvrons pour lui et non pour nous-même. À cette condition, nous ne projetterons rien en lui. À cette condition les obstacles rencontrés se changent en une opportunité de trouver facilement le prochain pas. C’est ainsi que le chemin par lequel le projet advient, peut s’ouvrir.
Pour lors, les mots que j’utilise pour désigner ce talent d’avancer pas à pas avec le projet, sont courage et vaillance.
Guillaume Lemonde
Médecin, chercheur, développe et enseigne la démarche Saluto dans ses différents champs d'application. Après des études de médecine à Lyon, il découvre la pédagogie curative et la sociothérapie, alliant la pédagogie et la santé. Pour lui, la question de toujours est d’offrir l’espace et les moyens permettant à chacun de devenir acteur de sa vie. Il ouvre un cabinet en Allemagne où il poursuit ses recherches dans le cadre de l’éducation spécialisée, puis en Suisse.
À partir de l’étude des grands chapitres de la pathologie humaine, il met en évidence quatre étapes de la présence à soi et au monde (1995) et découvre et développe à partir de cette recherche la Salutogénéalogie (2007) et la démarche Saluto (2014).
Il donne des conférences et des séminaires de formation pour enseigner cette démarche.
Il est auteur de publications faisant état de ses travaux.
1 commentaire
Je n’ai pas le mot, mais un dicton, “obligation de moyen, pas de résultat”. Aujourd’hui les multinationales rapaces font l’inverse, obligation de résultat sans moyen, d’où la flambée de mensonge et manipulation qui font rage, où partout on essaye de faire prendre des vessies pour des lanternes via une communication bien léchée sur des intentions vides de réalité.