TROUVER L’INFINI DANS L’INSTANT
- Posté par Guillaume Lemonde
- Catégories Articles, Démarche Saluto, Exercices pratiques
- Date 10 novembre 2023
TROUVER L’INFINI DANS L’INSTANT
La pensée binaire oppose l’infini à ce qui a une fin. C’est ainsi que le transhumanisme projette de supprimer la mort pour toucher à cet infini en l’Homme. S’il y parvenait, il ne ferait que repousser les frontières de notre finitude un peu plus loin. L’infini que l’on pense trouver derrière une frontière, n’est jamais qu’un infini dépendant d’une frontière : il y en a toujours une autre à dépasser. C’est ce qu’Hegel appelait le mauvais infini, un infini illusoire.
En réalité, l’infini ne peut pas être pensé sans le fini. Il n’est pas opposé à lui. Il est de même nature que lui, selon des points de vue différents. L’un contient l’autre et réciproquement. L’infini contient une infinité de choses finies. De même, le fini contient l’infini. Par exemple, chaque segment de droite contient une infinité de segments. Même si nous resserrons toujours plus la taille du segment, il y en aura toujours une infinité.
C’est pourquoi dans chaque instant de notre vie, se trouve également une profondeur illimitée, mais nous ne pouvons la percevoir que si nous parvenons à tenir en conscience un moment absolument délimité, absolument resserré sur l’instant, absolument fini. C’est-à-dire si nous pouvons être attentif dans toute l’acceptation du terme. C’est à cette condition que nous pouvons toucher à l’infini dans le temps.
Il n’y a réellement pas d’autre infini que celui que nous pouvons découvrir dans ce qui cause notre finitude ici et maintenant.
La mort cause-t-elle notre finitude ? Soyons présent à la mort. C’est-à-dire, vivons comme si le dernier instant était arrivé. Et soyons présent à la naissance, autre borne de notre existence limitée sur Terre. C’est-à-dire, vivons comme si nous étions au premier jour de notre vie. Et comme les deux possibilités, naissance et mort, ne s’opposent pas, vivons attentivement les deux en même temps. L’infini que l’on touche alors, c’est la confiance. C’est la non-attente active, celle qui nous permet d’accueillir dans l’instant la profondeur de la vie.
Un obstacle se présente-t-il sur notre chemin ? Offrons notre attention à l’impuissance qui nous limite. Vivons-la réellement sans chercher à la chasser. Et vivons en même temps la puissance tout aussi limitante puisque ne faisant que repousser une limite un peu plus loin. L’infini que l’on touche alors, c’est celui qui est inclus dans la vaillance. Dans chaque pas que l’on pose, le sommet que l’on atteindra un jour est déjà présent. Il est dans la profondeur infinie de l’attention que l’on offre au pas qui est à faire aujourd’hui.
Lorsque se rencontrent deux finitudes, deux êtres inscrits dans le temps d’une existence, lorsqu’ils offrent leur attention la plus pure à l’autre, alors, au milieu d’eux, le fini se révèle infini. À cet instant, cette attention, à la fois vierge de toute attente et engagée (du fait qu’elle est attentive), est l’expression la plus aboutie de l’amour.
Guillaume Lemonde
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