YOURCENAR : NOUS SOMMES MALHEUREUX PAR SOUVENIR ET ANTICIPATION
- Posté par Guillaume Lemonde
- Catégories Articles, Démarche Saluto, Temporalité
- Date 13 septembre 2022
“La plupart des moments de notre vie seraient délicieux, si l’avenir ou le passé n’y projetaient pas leur ombre, et nous ne sommes malheureux d’ordinaire que par souvenir ou par anticipation.”
Marguerite Yourcenar, Conte bleu, Gallimard (14/05/1996)
Lorsque Marguerite Yourcenar écrit que nous ne sommes malheureux d’ordinaire que par souvenir ou par anticipation, elle ne nous dit pour autant pas qu’il faille abolir le passé et le futur de notre conscience pour trouver un semblant de paix et de quiétude !
Sans conscience d’un passé nous ne pourrions nous appuyer sur aucun sol : nous ne pourrions fonder aucune pensée sur rien. Les représentations que nous nous faisons du monde ne seraient pas là. Nous ne pourrions rien reconnaître, puisque ce que nous reconnaissons, c’est ce qui dans le passé présente une analogie avec ce qui se trouve à percevoir aujourd’hui.
De même, sans conscience d’un futur, nous ne pourrions pas former de projets ni avoir d’espoir.
Il s’agirait bien plus d’apprendre à bien rester au présent, même lorsque l’on envisage le passé et l’avenir. Rester au présent du passé et au présent de l’avenir, aurait dit Saint Augustin.
Ne pas rester au présent lorsque l’on considère le passé, conduit à la nostalgie.
La nostalgie vient d’un manque d’attention pour ce qui est présentement là. Nous avons l’illusion de pouvoir faire quelque chose dans le passé alors que nous ne nous trouvons plus à ce moment-là. Et nous souffrons de ne pas être là où nous croyons être.
Ne pas rester au présent lorsque l’on considère le futur, conduit à l’impatience.
Nous nous projetons là où ne sommes pas encore et perdons de vue le chemin qui pas à pas se fait jusque-là. Nous oublions qu’un chemin est à faire et souffrons de ne pas être là où nous croyons être à chaque obstacle qui se présente.
Lorsqu’en revanche nous parvenons à rester au présent…
Lorsque nous parvenons à rester au présent quand nous nous tournons vers le passé, nous ne nous noyons pas dans la nostalgie des souvenirs, mais exerçons la faculté de nous souvenir. Nous ne nous confondons pas avec les souvenirs qui nous viennent. Nous pouvons les contempler, les mettre en perspective.
Lorsque nous parvenons à rester au présent quand nous nous tournons vers l’avenir, nous ne nous projetons pas nous-même dans le projet qui nous tient à cœur. Nous nous exerçons de marcher pas à pas avec notre projet. Nous devenons capables de le laisser s’approcher à mesure que nous déblayons le chemin pour lui.
De même, lorsque nous parvenons à rester au présent quand nous nous tournons vers l’avenir, nous ne nous projetons pas dans quelque espoir. Nous exerçons la confiance en la vie qui est une activité ouverte à tous les possibles. Quand on espère on attend, dans une tension passive, quelque chose de particulier. La seule activité que l’on puisse avoir, en espérant, c’est de croiser les doigts… Quand on découvre ce qu’est d’être au présent du futur, on s’ouvre à ce qui advient. On découvre la confiance.
Ces quelques mots sont une invitation à exercer cette présence. Il existe des exercices spécifiques. Vous en trouverez de nombreux en consultant les articles de ce site.
Bien à vous
Guillaume Lemonde
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