LE DESTIN ET LA PROVIDENCE
LE DESTIN ET LA PROVIDENCE…
Deux termes un peu surannés mais qui désignent des réalités tout à fait connues de chacun.
Le Destin
Le Destin désignait à l’origine les événements qui, sous le commandement des dieux, formaient la trame de l’existence. Ces événements s’imposaient à chacun, sans que personne ne puisse rien y faire… Aujourd’hui, nous nous voyons encore et toujours conditionnés par les faits extérieurs auxquels nous ne pouvons rien faire… Ils ne sont plus le fait des dieux, mais nous les subissons tout autant. Que ce soient des faits biologiques, héréditaires, économiques, relationnels, etc. Ils s’imposent à nous et nous contraignent. Quand bien même protesterions-nous à cette idée, nous pouvons remarquer que nous expliquons aisément nos choix et nos difficultés à partir d’une antériorité contraignante :
- J’ai perdu confiance car il m’est arrivé ceci ou cela dans la vie…
- Je n’ai pas le courage car il y a trop d’obstacles…
- Je n’ai pas de temps car j’ai trop de choses à faire…
- Je suis déstabilisé car tel ami m’a déçu…
- Je ne peux pas lui pardonner, car ce qu’il a fait est trop dur à encaisser…
- etc.
Ainsi, les dieux ont été remplacés par un contexte plus terre à terre mais tout aussi contraignant. Aujourd’hui le destin s’exprime à travers tout ce qui peut expliquer le présent à partir d’un contexte, c’est à dire à partir du passé.
Quand, par exemple, je regarde un enfant et que j’essaie de comprendre ce qui lui arrive en me penchant sur son histoire, je regarde ce qu’autrefois on nommait le destin et qu’aujourd’hui on pourrait appeler le contexte de sa vie. Je ne vois pas l’enfant en question, mais son contexte de vie.
Plus généralement, en regardant dans un passé plus ou moins proche ce qui explique ce qui se passe aujourd’hui, on ne voit pas autre chose qu’un contexte.
La Providence
La Providence désigne quand à elle tout autre chose : un événement ou une personne qui arrive à point nommé pour sauver une situation (une situation qui était destinée à prendre une certains direction et en prendra une autre). La Providence remet le Destin en question.
Là on l’on évoquait autrefois la Providence, on parlerait peut-être aujourd’hui de chance. La chance, par nature est imprévisible. Elle ne s’explique pas à partir du contexte… Elle ne découle pas d’un enchaînement logique venant du passé, mais advient, comme depuis l’avenir.
Faire la différence entre Destin et Providence
Faire la différence entre Destin et Providence, c’est comme faire la différence entre ce qui dans le jeu d’un acteur est déterminé par le décor qu’on lui a donné pour jouer et le talent que cet acteur est appelé à manifester.
Le décor que l’on peut expliquer à partir du passé (choix artistiques du metteur en scène, budget…), c’est l’équivalent du destin avec lequel l’acteur va venir s’expliquer. Si l’acteur était soumis au destin, son jeu dépendrait complètement de son décor. Il serait un jouet de son décor…
Or le décor du théâtre, que l’on peut expliquer aisément à partir du passé, peut également s’expliquer à partir de l’avenir : il a été mis en place parce qu’un acteur viendra y jouer. La raison pour laquelle le décor est là, c’est parce qu’un acteur est à venir. L’acteur est la cause dans l’avenir du décor qui est mis en place.
Ainsi, l’acteur n’est pas destiné à avoir du talent, mais son talent peut se présenter comme providentiel pour jouer avec le décor.
La Providence se présente comme une chance, mais plutôt que de miser sur la chance, l’acteur s’exerce. Il apprend à rendre présent une ressource qui pourrait se présenter par chance au bon moment ou qui peut devenir un talent.
Découvrir pour chaque épreuve la ressource encore à venir qui pourrait être exercée, c’est le sujet de la démarche Saluto.
Elle offre d’apprendre à exercer comment traverser providentiellement ce qui est destiné à nous contraindre.
Guillaume Lemonde
1 commentaire
Cher Guillaume. Ce thème de la providence a occupé aussi mes pensées, ces temps ci. Merci pour ton apport à ce sujet.
Il m’apparaît qu’on peut aujourd’hui expérimenter que la providence est une force issue de notre présence au réel et de notre confiance en ce qui effectivement vient à nous du futur. Expérimenter la providence, c’est constater que les choses s’organisent selon un plan qui se révèle peu à peu à notre conscience comme notre réel. C’est reconnaître que nos pensées prennent forme et que nos prières sont exhaussées. C’est constater les synchronicités imprévues. C’est « voir en avance », mais inconsciemment. D’ailleurs le mot providence ne vient-il pas de « pro videre » ? Mais c’est plus subtile que prévoir. C’est reconnaître la révélation de notre futur dans notre présent.
Bien cordialement.