QUAND CELA A-T-IL COMMENCÉ ?
QUAND CELA A-T-IL COMMENCÉ ?
Quand cela a-t-il commencé ?
Vous connaissez cette question !
Vous avez mal ? Depuis quand avez vous mal ? Vous avez un problème avec votre emploi ? Depuis quand ? Quand cela a-t-il commencé ?
Alors on cherche le moment précis. On le trouve parfois. Mais on s’aperçoit souvent que ce moment précis avait lui aussi un historique. Il avait fallu pour que cela arrive que se passe quelque chose avant.
J’ai mal depuis une chute sur une plaque de verglas… Je me disais bien que je n’aurais pas dû sortir ce jour-là… Tout a donc commencé au moment où je me suis dit que j’allais sortir quand même. Je devais acheter du pain… Tout a donc commencé la veille, quand j’ai oublié de passer à la boulangerie. Mais vous comprenez, j’avais la tête ailleurs : trop de soucis avec un mandat impossible à clore en si peu de temps. Tout a commencé quand nous n’avons pas osé dire au patron que le temps ne suffirait pas… Tout a commencé un mois avant… Et même là, il serait possible de remarquer que finalement tout a commencé à la nuit des temps.
Si l’on regarde avec attention tout ce qui s’est mis en place pour qu’arrive ce qui est arrivé, on n’en finit pas de reculer dans le temps. On n’en finit pas de repousser le moment où tout a commencer. Dans le passé, jamais rien ne commence ! Tout continue, peut-être, selon un enchaînement infini de causes et d’effets. Et l’on peut remonter cette cascade sans jamais trouver quand tout a commencé. Tout a commencé au premier mouvement de vie des premiers être vivants… Mais avant ça, tout a commencé dans ce qui a permis qu’ils soient. Et cetera…
Il y a quelques années, j’avais écrit un article.
C’était l’un des premiers de ce site (vous le trouverez en fouillant les articles parus). Il s’intitulait, « comment tout a commencé ». J’y racontais quelques événements-clefs de la découverte de la démarche SALUTO. Ces éléments ont été importants, c’est vrai, mais tout n’a pas commencé avec ces événements. Il m’est possible de reculer toujours plus dans le temps, d’entrevoir un autre moment clef à 9 ans, ainsi que dans mon lieu de naissance, dans l’histoire de ma famille, et même dans des réminiscence d’autres cultures, etc. En regardant dans le passé, il m’est absolument impossible de fixer l’origine de la démarche SALUTO.
Et s’il m’est impossible de trouver l’origine, c’est parce que dans le passé, l’origine n’existe pas.
On peut croire a une origine, mais on ne peut pas la distinguer.
Par exemple, en ce qui concerne l’origine du monde, on peut croire en un Big Bang, moment le plus dense d’un univers en expansion. On peut le penser mathématiquement, mais en tant qu’il serait l’origine de tout, on ne peut qu’y croire : ne faut-il pas que quelque chose ait provoqué le Big bang ? Alors qu’est ce qui l’a provoqué ? Qu’y avait-il avant lui ? Comment tout a-t-il commencé ?
De même, on peut croire à la Genèse que nous raconte la Bible, mais quand bien même… la Genèse ne peut pas être l’origine de tout : il a bien fallu que les dieux qui ont permis la Genèse du monde soient déjà là avant le monde… Alors pour trouver l’origine, il faudrait se demander qui était à l’origine des dieux. Comment tout cela a-t-il commencé ?
Cette mise en abîme d’une question tout aussi bête que « Quand cela a-t-il commencé ?» m’apparaît ici essentielle !
Lorsqu’à l’échelle de nos existences, nous essayons d’expliquer ce qui nous arrive en nous tournant vers le passé – chose très naturelle – nous ne saisissons qu’une illusion. Nous déterminons des moments clefs sur le chemin, mais jamais l’origine. Ce n’est pas parce qu’il m’est arrivé ceci ou cela quand j’étais petit, que je suis comme ceci ou cela maintenant… Ce que je tiens pour une origine, n’est qu’un leurre satisfaisant pour l’activité mentale. L’activité mentale peut ainsi se reposer ; cesser de mouliner des explications sans fin. Elle fait d’une croyance un absolu.
C’est au présent que tout commence toujours.
Dans le passé chaque événement est dû à quelque chose qui s’est passé avant lui. Rien n’apparaît autrement que comme la conséquence d’événements antérieurs. Ainsi, dans le passé, tout est la suite d’événements encore plus anciens. Et si tout est la suite de ce qui était là avant, rien de nouveau n’arrive jamais. Rien n’a commencé là où l’on croit quand on s’en tient à chercher les raisons de ce qui arrive dans le passé !
C’est au présent, à chaque moment dans un contexte donné, que quelque chose peut commencer. Ce qui est nouveau ne peut pas venir du passé, mais depuis l’autre côté, depuis l’avenir.
L’avenir n’est pas le prolongement du passé vers plus tard (ça, c’est le futur…), mais suit un mouvement contraire qui s’approche du présent. L’avenir advient. Il ne dépend de rien de ce qui était. Aussi est-il toujours nouveau, inédit… Ce qui commence ne peut venir que de l’avenir et jamais ne s’expliquera à partir du passé.
Ainsi, tout a commencé dans l’avenir !
Mais pour que l’avenir advienne, il faut évidemment lui faire un peu de place… Être disponible pour le recevoir. Et ne peut recevoir ce qui vient de l’avenir, c’est à dire toute chose inédite, toute création, toute invention, que ce qui en nous, tout en s’appuyant sur un contexte de vie, ne se laisse pas déterminer par lui.
Aussi longtemps que je réagis à ce qui se passe, aussi longtemps que je justifie mes actes (mais aussi mes état d’âme, mes troubles, mes bonheurs et mes peines) d’après une antériorité, je suis dans une logique du passé. C’est à dire dans une logique où je suis le produit d’un contexte, livré à un contexte, non fondé en moi-même, mais en ce contexte. Aussi longtemps qu’il en est ainsi, rien de nouveau ne peut commencer.
Mais quand, dans ce contexte (qui, pour ce qui est de notre existence, s’est mis en place au moment de la naissance), je découvre en moi l’endroit à partir duquel il est possible de ne pas suivre une antériorité, je deviens présent. Je deviens présent à ce qui peut commencer ! (voir les exercices proposés sur le site)
Je deviens alors présent à ce qui en moi entre dans la vie depuis beaucoup plus tard dans l’existence : je deviens présent non pas au force de la naissance, qui sont des forces contextuelles, mais aux forces de la mort, qui sont des forces spirituelles (c’est à dire celles qui se tiennent dans un contexte de vie sans se laisser déterminer par lui).
L’origine de tout événement est à chercher plus tard
C’est ce que nous avons à vivre plus tard qui nous fait mettre en place certains événements. Que cela nous plaise ou non, n’est pas la question. S’il nous arrive quelque chose de dramatique et que nous regardons cet événement sur le fil logique du temps allant du passé vers plus tard, on en conclura sans doute que cet événement aura eu des répercussions tout aussi dramatiques. On pourra même les nommer et jamais on ne pourra se dire que ce qui est arrivé était comme voulu, même depuis l’avenir !
Ce n’est que bien plus tard dans la vie, lorsqu’on se retourne sur cet événement dramatique que l’on comprend que cet événement dramatique portait avec lui la possibilité d’une découverte, d’un talent inespéré, d’une faculté nouvelle. Nous observons que nous avons changé et c’est pour cela que nous pouvons le comprendre.
Du point de vue de l’avenir, cette découverte, ce talent, cette faculté encore à venir étaient, dans l’avenir, la raison de ce drame. Ils rendaient nécessaire que nous traversions ce drame.
Ainsi, tout a commencé dans l’avenir, par une faculté, un talent que l’on était appelé à rendre présents !
Alors quand je repense au premier article de ce site, celui que j’intitulais « comment tout à commencé » et qui s’intéressait aux origine de la démarche SALUTO, je me dis que ce n’est pas dans le passé que je trouverai une réponse. C’est bien plus tard qu’il me faut regarder, dans l’avenir ; peut-être même au jour de ma mort…
Guillaume Lemonde
2 Commentaires
Intéressant point de vue. C’est juste hier que je me suis noté une penser. À mes élèves du secondaire je disais souvent tu ne travailles pas pour toi, tout ce que tu apprends maintenant à l’école ce sera pour plus tard.
Nos actes, nos choix, orientés et motivés par un projet conscient, nous amènent la plupart du temps sur des chemins que nous n’aurions jamais imaginés et que nous aurions éventuellement évités. Ce sont pourtant ces chemins imprévus qui nous enseignent le plus. À l’évidence, tout cela vient vers nous.